Ces rats géants africains dressés pour traquer les trafiquants : une arme secrète contre le crime animalier

Les rats géants africains, connus pour leur capacité à détecter les mines terrestres et la tuberculose, sont désormais formés pour lutter contre le trafic de la faune sauvage. Ces rongeurs, équipés de gilets spéciaux, alertent leurs dresseurs en tirant sur une balle, ce qui émet un signal pour marquer les objets cachés liés à la faune. Une étude révolutionnaire menée par l’organisation non gouvernementale APOPO, basée en Tanzanie, met en lumière le potentiel de ces rats pour détecter des produits d’espèces en danger, tels que les écailles de pangolin, l’ivoire, les cornes de rhinocéros et le bois d’ébène africain. Cette avancée pourrait offrir un outil à la fois économique et efficace pour combattre le trafic illégal de la faune, un problème mondial croissant.

Former les rats pour des tâches de détection

La formation des rats géants africains pour des tâches de détection est un processus rigoureux qui commence par ce que l’on appelle la formation à l’indication. Chaque rat, nommé en l’honneur de célèbres défenseurs de l’environnement tels qu’Irwin, Attenborough et Fossey, apprend à reconnaître et à réagir aux odeurs cibles. Lorsqu’un rat identifie correctement une odeur cible en maintenant son nez à la source pendant plusieurs secondes, il reçoit une friandise en guise de récompense. Ce processus est essentiel pour s’assurer que les rats peuvent identifier les produits de la faune même lorsqu’ils sont dissimulés parmi d’autres substances. Ce type de formation permet d’affiner la capacité des rats à détecter des odeurs spécifiques, augmentant ainsi leur précision et leur efficacité dans des environnements réels où le trafic de la faune sauvage est un défi majeur.

« Un fantôme venu du passé » : cette hyène tachetée réapparaît en Égypte après 5 000 ans et bouleverse toute logique écologique

Enseigner la discrimination et la rétention de la mémoire

La phase cruciale de formation à la discrimination est conçue pour enseigner aux rats à différencier les odeurs cibles des odeurs non cibles. Les odeurs non cibles incluent des éléments couramment utilisés par les trafiquants pour masquer les produits illégaux, tels que les grains de café, la poudre à laver et les câbles électriques. Au cours de cette étape, les rats apprennent à signaler uniquement les odeurs des cibles de la faune, tout en ignorant les autres. Cette capacité à discriminer les odeurs est renforcée par des tests où les rats doivent ignorer les odeurs non pertinentes. Cette formation garantit que les rats peuvent opérer avec précision dans des scénarios réels complexes, où les produits de la faune peuvent être masqués par une multitude d’autres odeurs. La rétention de la mémoire olfactive est également testée, les rats étant capables de reconnaître des odeurs qu’ils n’ont pas rencontrées depuis cinq à huit mois, prouvant ainsi une mémoire cognitive similaire à celle des chiens de détection.

Ce projet en Afrique, aussi grand que 2,5 fois la France, cache une illusion de reforestation avec 63,9 millions d’acres inadaptés

Les perspectives de Dr. Szott sur la formation et l’application pratique

Dr. Isabelle Szott, de la Fondation Okeanos, souligne que la performance et la vitesse d’apprentissage des rats sont très similaires à celles des chiens de détection. Chaque rat est unique, mais une fois qu’il a appris les bases, de nouveaux parfums peuvent être ajoutés ou réappris rapidement. Dans les scénarios réels où les odeurs de la faune peuvent être fortement masquées, les rats ont montré d’excellentes performances. Des essais opérationnels menés au port de Dar es Salaam ont démontré que les rats pouvaient détecter efficacement des produits de la faune même lorsqu’ils étaient mélangés avec d’autres substances comme la poudre à laver. Dr. Szott a également mentionné que les rats avaient été testés avec succès dans des conditions complexes, prouvant leur capacité à opérer dans des environnements réalistes et difficiles.

Qualcomm mise sur l’Afrique avec « Make in Africa » : un programme sans prise de capital pour booster les startups technologiques

Utilisation innovante des gilets personnalisés pour les opérations sur le terrain

Les gilets personnalisés conçus par APOPO pour les rats sont une innovation clé qui pourrait améliorer leurs capacités de signalement dans des environnements tels que les ports maritimes. Ces gilets incluent un microswitch qui émet un bip lorsque le rat tire sur une petite balle accrochée à sa poitrine, un comportement qu’ils ont appris à exécuter lors de la détection d’une odeur cible. Cette technologie permet aux dresseurs de mieux localiser et identifier les signaux des rats, augmentant ainsi l’efficacité des opérations de terrain. En outre, l’organisation explore l’utilisation de sacs à dos personnalisés avec des fonctionnalités supplémentaires, y compris une caméra et des capacités de signalement à distance. Cette approche innovante élargit les possibilités d’emploi des rats dans divers environnements complexes, offrant une solution pratique aux défis posés par le trafic de la faune sauvage.

Face à ces avancées technologiques, une question se pose : comment ces innovations pourraient-elles être intégrées dans d’autres secteurs pour lutter contre le crime transnational ?

Ça vous a plu ? 4.4/5 (28)