EN BREF
  • 🌍 AFR100 vise à restaurer 319 millions d’acres en Afrique, deux fois et demie la taille de la France, d’ici 2030.
  • 🔍 Des études révèlent des lacunes, avec 63,9 millions d’acres soumis à une restauration inappropriée dans les savanes et prairies.
  • 🌱 Les projets se concentrent sur l’agroforesterie, mais 60 % utilisent des espèces non indigènes, menaçant la biodiversité.
  • 💡 Malgré les critiques, l’initiative impacte positivement certaines communautés locales, offrant des opportunités de développement économique.

Jeff Bezos, le milliardaire fondateur d’Amazon, s’est récemment illustré dans une vidéo promotionnelle du Bezos Earth Fund, une initiative visant à prévenir le changement climatique. Parmi les projets financés, l’Initiative pour la Restauration des Paysages Forestiers Africains (AFR100) se distingue par sa portée ambitieuse. Depuis son lancement en 2015 par l’Union Africaine, ce projet a levé plus d’un milliard de dollars, dont 50 millions provenant de la Fondation Bezos. L’objectif est de restaurer 319 millions d’acres de terres dans 34 pays africains d’ici 2030, une superficie équivalente à deux fois et demie celle de la France. Cependant, malgré ces ambitions louables, des critiques émergent quant à l’exécution et à la viabilité de ces initiatives de reforestation à grande échelle.

Des ambitions remarquables mais des réalisations incertaines

L’AFR100 est l’un des nombreux projets de reforestation à grande échelle qui ont vu le jour au cours de la dernière décennie. Ces projets, souvent soutenus par des financements importants, visent à lutter contre la déforestation et à promouvoir des pratiques durables. Toutefois, malgré les sommes considérables investies, leur mise en œuvre laisse parfois à désirer. Une étude publiée dans le Science Magazine par Kate Parr et ses collègues a révélé des lacunes significatives dans l’application de l’AFR100. En effet, selon leurs calculs, une superficie équivalente à celle de la France est sujette à une restauration inappropriée dans les savanes et prairies africaines.

Les chercheurs ont souligné un décalage entre la superficie forestière existante et celle promise pour la restauration dans 18 des 34 pays étudiés. Près de 20 % des zones désignées pour la restauration seraient naturellement dépourvues de couverture forestière. Il est clair que pour qu’un projet de restauration soit efficace, il est crucial de planter les espèces appropriées dans les lieux adéquats. Malheureusement, l’information disponible sur le site de l’AFR100 est jugée « très vague », rendant difficile l’évaluation de l’impact réel de ces initiatives.

Résistante et fascinante : cette rare papillon d’Afrique du Sud dévoile son secret pour survivre aux changements climatiques

Des risques pour la biodiversité

Un des aspects les plus préoccupants de ces projets de reforestation est leur impact potentiel sur la biodiversité. La plupart des projets de l’AFR100 se concentrent sur l’agroforesterie, une pratique qui consiste à ajouter des arbres aux terres cultivées. Bien que cette approche puisse sembler positive en alliant préservation de l’environnement et développement communautaire, elle comporte des risques. Selon l’article du Science Magazine, 60 % des projets d’agroforesterie de l’AFR100 utilisent des espèces d’arbres non indigènes.

Planter des arbres sans discernement dans des zones non forestières peut être désastreux pour la préservation de la biodiversité, entraînant la disparition de certaines espèces et réduisant l’effet d’albédo, ce qui pourrait aggraver le réchauffement climatique. Le consultant Sheryl Quail souligne que l’article ne prend pas en compte l’utilisation humaine des terres, où les populations locales cultivent souvent des produits pour la consommation ou la vente. Malgré plus d’un milliard de dollars alloués, ces ressources sont jugées insuffisantes pour atteindre l’objectif de restauration. En 2022, un rapport estimait que seulement 2,3 millions d’acres avaient été restaurés entre 2016 et 2021.

Ces terres dévastées d’Afrique sous l’œil des satellites : des révélations troublantes sur la déforestation massive

Un système de contrôle émergent

Les défis liés à l’AFR100 ne se limitent pas aux problèmes de biodiversité. Des enquêtes ont révélé un manque de rigueur dans le suivi des projets. Par exemple, certains projets répertoriés sur le site de l’initiative n’ont jamais commencé ou ont été interrompus. Neuf ans après le début de l’initiative, il est difficile de mesurer l’efficacité du programme sans localisations précises des projets. Bernadette Arakwiye, qui supervise les programmes de restauration pour le World Resources Institute, défend le processus en soulignant que c’est un travail à long terme.

Malgré cela, des tentatives pour contacter certains responsables de projets ont montré que plusieurs d’entre eux ignoraient pourquoi leurs noms ou organisations étaient liés à l’initiative. Cette absence de transparence et de suivi soulève des questions sur la capacité de l’AFR100 à atteindre ses objectifs et à véritablement transformer les paysages africains. Une meilleure gestion et une responsabilisation accrue des parties prenantes sont essentielles pour garantir le succès de ces projets ambitieux.

Ces énormes rats africains démasquent les trafiquants d’animaux en un clin d’œil : une arme secrète contre le braconnage

Des vies réelles impactées

Malgré les critiques, l’AFR100 a un impact tangible sur les vies de certaines personnes en Afrique subsaharienne. Un bénéficiaire anonyme a partagé son expérience, expliquant comment l’initiative a été essentielle pour lui, soulignant l’importance des projets pour ceux qui ne reçoivent pas d’aide gouvernementale. Pour lui, l’AFR100 n’est pas seulement un projet environnemental ; c’est une question de survie et de développement économique personnel.

Il est le premier de sa famille à posséder sa propre entreprise, témoignant des opportunités créées par ces initiatives. Cependant, cet exemple souligne également l’importance de ne pas seulement « vendre » ces projets, mais de veiller à leur exécution correcte. Les histoires individuelles de succès doivent être accompagnées d’une stratégie globale bien définie pour garantir un impact durable et positif sur l’environnement et les communautés locales. Quel avenir pour ces vastes projets de reforestation en Afrique ?

Ça vous a plu ? 4.6/5 (21)

Partagez maintenant.

Rédacteur passionné d'actualité. Depuis cinq ans, je contribue à Afriquenligne.fr, où je me spécialise dans les reportages sur les droits humains et la culture africaine. Ayant grandi dans une famille qui valorisait l'art et la politique, j'ai toujours été attirée par les histoires qui montrent la richesse et la complexité de notre continent. Je voyage fréquemment à travers l'Afrique pour recueillir des témoignages authentiques, me permettant de présenter des perspectives souvent négligées. Mon objectif est de mettre en lumière les défis et les réussites qui définissent notre identité collective. Contact : [email protected]

8 commentaires
  1. Il vaudrait mieux se renseigner davantage sur ce que sous-entend « Restauration des Paysages Forestiers. » Cet article est sans fondement, manque de rigueur, de contexte et n’engage pas une véritable réflexion critique sur les enjeux réels de la restauration des terres dégradées en Afrique

Publiez votre avis