Dernière annonce en date du Nigeria, un des pays africains les plus actifs dans le secteur des cryptomonnaies : l’interdiction des échanges en naira (NGN) pour les transactions impliquant des cryptomonnaies entre particuliers.
Une nouvelle mesure restrictive pour les cryptomonnaies
Au cours d’une réunion avec des professionnels du secteur des cryptomonnaies ce lundi, Emomotimi Agama, directeur de la Securities and Exchange Commission (SEC) locale, a souligné l’arrivée imminente d’une nouvelle règle : l’interdiction des échanges entre particuliers si le règlement s’effectue en naira (NGN) local. Selon le gendarme financier du pays, cette mesure vise à stopper la manipulation de la monnaie nigeriane qui serait facilitée par les transactions en pair à pair.
Un an s’est écoulé depuis la forte dépréciation du naira, un fait qui a stimulé l’intérêt pour les cryptomonnaies et les a rendues plus attractives pour de nombreux Nigérians. En considérant les transactions P2P comme une source de « manipulation » du naira, la SEC espère pouvoir stabiliser la situation financière du pays.
Une hostilité croissante envers les cryptomonnaies
Cette décision confirme une tendance observée depuis quelque temps : le Nigeria semble de plus en plus hostile envers les cryptomonnaies. La SEC a déclaré sans détours vouloir prendre toutes les mesures nécessaires pour résoudre « des problèmes qui sont négatifs et qui menacent l’intérêt national ».
Le Nigeria a déjà pris une série de mesures restrictives à l’égard des cryptomonnaies. En mars dernier, la SEC a annoncé vouloir augmenter de 500% les frais d’inscriptions des entreprises liées aux crypto-monnaies. De plus, deux responsables de la plateforme d’échange Binance ont été mis en détention.
Une tentative de contrôle de l’inflation
L’hostilité du Nigeria envers les cryptomonnaies arrive dans un contexte d’inflation galopante et d’une chute importante de la valeur du naira. Actuellement, la monnaie nationale vaut 0,00072 dollar américain, soit une chute de 66% sur les douze derniers mois.
Au coeur de ce climat tendu, le gouvernement semble essayer de contrôler tous les moyens de paiement alternatifs pour stopper le déclin du naira. L’histoire du Nigeria révèle une volonté constante de contrôler la monnaie locale. Par exemple, une précédente tentative de réforme du naira avait créé un scandale impliquant Godwin Emefiele, le gouverneur de la banque centrale à l’époque.
Dans ce contexte, il semble que le secteur des cryptomonnaies, qui offre une alternative aux moyens de paiement traditionnels, est perçu comme une menace par le gouvernement nigerian.
Cette tendance vers une régulation accrue du secteur des cryptomonnaies poussera-t-elle les Nigérians vers des marchés plus étrangers ou stimulera-t-elle l’innovation et la création de nouvelles solutions financières locales conformes à la régulation ? Seul l’avenir nous le dira.
Dans un pays où la monnaie locale est en chute libre, peut-on vraiment blâmer les citoyens de se tourner vers d’autres actifs pour préserver leurs économies ? Et si oui, jusqu’où les autorités inquiètes peuvent-elles aller pour freiner cette « fuite » vers les cryptomonnaies ?
Ça vous a plu ? 4.6/5 (30)