L’un des défis majeurs de l’Afrique, selon les spécialistes, réside dans l’amélioration des transferts de fonds. Des frais exorbitants, une réglementation disparate et des obstacles techniques persistent, rendant les transferts d’argent onéreux et parfois hors de portée. Cependant, une évolution est à l’horizon.
Frais : un coût élevé pour les économies africaines
Le transfert d’argent en Afrique ne se fait pas sans peine. Jerry Lukedo Mbokani, un résident de Kampala en Ouganda, en est un exemple flagrant. Pour envoyer de l’argent à sa mère en République Démocratique du Congo, il doit payer des frais de conversion, des frais de retrait et des frais d’envoi. En somme, près de 10% du montant est dépensé en frais, une charge financière immense que subissent des millions d’Africains chaque jour.
Il est particulièrement onéreux d’envoyer de l’argent vers l’Afrique subsaharienne, où les frais de transaction moyens sont de 7,4%. Mais pourquoi les frais sont si élevés ? L’élément clé se trouve dans la réglementation, ou plutôt son absence d’uniformité.
Réglementation : un obstacle à l’accessibilité des transferts d’argent
L’une des raisons des frais élevés est l’incohérence de la réglementation. En Afrique, une société de paiement ne peut pas utiliser une seule licence dans plusieurs pays, ce qui entrave considérablement la circulation de l’argent. Même entre pays voisins et membres d’une même monnaie commune, l’argent ne peut pas toujours circuler librement.
La complexité des régulations est un calvaire pour les fournisseurs de services de transfert d’argent. « Pour que les jeunes entreprises entrent sur ce marché, il faut beaucoup de connaissances techniques, financières et juridiques, ce qui, je pense, est l’une des raisons pour lesquelles ce secteur a vu relativement peu d’acteurs depuis longtemps. », précise Ravenna Sohst, analyste politique au Migration Policy Institute Europe.
Concurrence : un besoin pour la réduction des prix
Mme Sohst pointe également un manque de concurrence, qui pourrait être une des clés pour faire baisser les prix. Sans concurrence, les tarifs peuvent être fixés par les quelques entreprises capables de faciliter les transferts entre deux pays.
Certes, la concurrence est un moyen fiable pour réduire les frais, encore faut-il garantir une transparence complète aux clients, qui sont souvent victimes de fausses informations sur les frais en l’absence d’une régulation claire et uniforme.
Les solutions potentielles : numérisation et cryptomonnaies
Les envois de fonds numériques sont plus abordables que les services bancaires traditionnels, d’où l’intérêt pour une grande partie des innovations. Par exemple, pouvoir payer directement les factures de services publics de membres de sa famille à l’étranger est un service demandé par des migrants gambiens au Royaume-Uni.
Et que dire des cryptomonnaies ? Elles promettent des transferts d’argent plus fluides, mais leur volatilité et la régulation inégale ainsi que les connaissances limitées rendent leur adoption pour les envois de fonds compliquée.
En dépit de leur potentiel indéniable, les solutions numériques demeurent hors de portée pour bon nombre des personnes les plus pauvres du monde qui n’ont ni téléphone portable ni accès à Internet.
L’importance d’une réforme
Les défis restent nombreux, mais l’importance d’une réforme des transferts d’argent en Afrique est non négligeable. Avant tout, il est essentiel de réduire les frais pour augmenter le volume d’argent envoyé, ce qui aurait un impact direct sur l’économie africaine.
Les Nations Unies espèrent que les frais de transfert de fonds pourraient être inférieurs à 3 % d’ici 2030, générant potentiellement des milliards de dollars. Mais est-ce réalisable face à tous ces obstacles ?
La question reste ouverte, mais une chose est sûre : l’avenir des transferts d’argent en Afrique mérite toute notre attention.
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