Dans le nord du Togo, les femmes subissent de plein fouet les effets dévastateurs de l’insécurité et de la crise économique, se retrouvant souvent prises dans une spirale d’endettement irrémédiable.
Un contexte sécuritaire préoccupant
Le nord du Togo, région marquée par une insécurité grandissante due aux attaques djihadistes, voit ses habitants confrontés à de nombreux défis. La situation économique se détériore rapidement, frappant particulièrement les femmes. Ces dernières, ayant contracté des prêts pour développer leurs petites entreprises, sont désormais prises au piège d’un endettement croissant vis-à-vis des organismes de microfinance.
Des conditions de vie de plus en plus précaires
À Todjoate-Lambounte, un village situé à 17 kilomètres au nord-est de Dapaong, Yempaab Kolani, une femme d’une quarantaine d’années, illustre cette réalité quotidienne. Assise à l’ombre d’un manguier, elle peine à piler les noix de karité dans un mortier. « Je ne peux plus amener les noix au moulin parce que la quantité n’est pas assez importante et je dois limiter les dépenses pour espérer un peu de bénéfice, » confie-t-elle avec amertume. En raison de l’insécurité, les femmes ne peuvent plus s’aventurer dans la forêt pour récolter les noix, ce qui a entraîné une augmentation dramatique des prix et une diminution significative de leurs revenus.
Une économie à dominante féminine
Selon les données de l’Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages (EHCVM), plus de 65 % des habitants de la région des Savanes vivent en dessous du seuil de pauvreté. Cette précarité touche particulièrement les femmes, première force économique de cette région. Que ce soit dans le commerce, l’agriculture, la transformation de produits locaux ou d’autres secteurs informels, les femmes représentent 57 % des personnes actives. Malgré leur rôle crucial, elles affrontent de nombreux obstacles, tels que la faible bancarisation, le manque d’éducation financière et une faible capacité de remboursement de leurs crédits.
Des défis multiples pour les femmes entrepreneur
Les entrepreneuses du nord du Togo ne manquent pourtant pas d’initiatives. Elles créent et gèrent des micro-entreprises dans des conditions parfois héroïques. Cependant, l’accès au crédit reste une arme à double tranchant. Beaucoup se retrouvent rapidement submergées par les échéances de remboursement. Les difficultés pour accéder aux ressources naturelles, comme le karité pour Yempaab Kolani, font perdre à ces femmes la moitié ou plus de leur capital, les mettant dans une situation économique encore plus précaire.
Les structures de soutien insuffisantes
Malgré les efforts des organismes de microfinance pour soutenir les femmes entrepreneures, les résultats restent limités. Le phénomène de surendettement s’amplifie, aggravé par les conditions de vie déjà difficiles et l’insécurité qui règne dans la région. Les programmes d’aide, souvent inadéquats ou mal adaptés aux spécificités locales, échouent à offrir un secours durable. Les femmes se retrouvent ainsi dans un cercle vicieux, oscillant entre précarité et survie.
Quelles solutions pour l’avenir ?
Face à cette situation alarmante, plusieurs pistes peuvent être envisagées pour soutenir les femmes du nord du Togo. Une meilleure éducation financière et une plus grande bancarisation sont essentielles. De même, un soutien psychologique et des programmes de formation adaptés aux besoins locaux pourraient aider les femmes à mieux gérer leurs micro-entreprises.
La sécurisation des zones rurales, indispensable pour permettre aux activités agricoles de se dérouler sans crainte, reste un défi majeur. Comment permettre à ces femmes de sortir du cycle infernal de la dette et de reconstruire une économie locale viable malgré les nombreux obstacles ? Cette question mérite une attention particulière pour trouver des solutions durables et adaptées aux réalités du terrain.