Devant un parterre d’étudiants enthousiastes, Ousmane Sonko a critiqué sévèrement la présidence Macron et ses interventions au Sénégal, en présence de Jean-Luc Mélenchon.
Critiques acerbes contre la France et l’Occident
Devant une audience captivée, Ousmane Sonko n’a pas mâché ses mots. Lors d’une conférence tenue le 16 mai à l’université de Dakar, en compagnie de Jean-Luc Mélenchon, le premier ministre sénégalais a dénoncé l’attitude de la France et de l’Occident envers son pays. Cet événement marque son intervention la plus remarquable depuis son entrée en fonction en avril, suite à une victoire électorale éclatante.
Relations Sénégal-France : un passif lourd
Ousmane Sonko a saisi cette tribune pour rappeler les douloureuses années de lutte contre le régime de l’ancien président Macky Sall. Accusant le président français Emmanuel Macron d’avoir cautionné ces répressions, Sonko a parlé d’une « incitation à la répression » et d’une persécution systématique orchestrée contre son camp. Selon Sonko, la France n’a jamais dénoncé les abus commis sous l’ancien régime sénégalais, un comportement qu’il qualifie de complice.
Sonko a également rappelé son propre emprisonnement et son inéligibilité à la présidentielle de 2024, une élection dont il était le favori avant d’être disqualifié. La victoire de son remplaçant Bassirou Diomaye Faye, qui a battu le candidat de Macky Sall au premier tour, est pour lui la preuve tangible du rejet populaire de l’ancien régime et de ses alliés occidentaux.
Une critique des politiques néocolonialistes
Pour le premier ministre, les relations de la France avec le Sénégal sont toujours marquées par une logique néocoloniale. Il déplore que les promesses de la nouvelle doctrine africaine de l’Élysée—qui visait à ne plus soutenir les régimes autoritaires—ne se soient pas concrétisées. « Nous avons cru aux discours de Macron », a lamenté Sonko, avant de dénoncer l’hypocrisie des gouvernements européens, qu’il accuse de mutisme approbateur.
La présence militaire française sous le feu des critiques
Ousmane Sonko a également abordé la présence militaire française en Afrique, un sujet sensible pour beaucoup de dirigeants africains. « Nous devons nous interroger sur la nécessité de garder des bases militaires étrangères sur notre sol », a-t-il déclaré. Il a ainsi réitéré la volonté de son gouvernement de mettre fin à ce qu’il perçoit comme une entrave à la souveraineté du Sénégal.
Sans vouloir remettre en cause les accords de défense existants, Sonko a souligné que la souveraineté monétaire et sécuritaire est indispensable pour une coopération équitable. Il a appelé à une révision des relations entre ses pays et l’Europe pour un futur fondé sur le respect mutuel et l’autodétermination.
Face aux doubles standards de l’Occident
Le premier ministre a également dénoncé les doubles standards des puissances occidentales vis-à-vis des crises politiques en Afrique. Il a critiqué les sanctions contre les nouveaux régimes du Sahel, tout en soulignant l’empressement des mêmes Occidentaux à collaborer avec des États non démocratiques lorsque cela sert leurs intérêts économiques. « Nous ne lâcherons pas nos frères du Sahel », a-t-il martelé, marquant ainsi son soutien aux pays récemment touchés par des coups d’État comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger.
La question de l’homosexualité : un sujet de discorde
Parmi les points de désaccord évoqués, la question des droits des minorités sexuelles occupe une place centrale. Sonko a fustigé l’activisme occidental en faveur des droits LGBT, qu’il considère comme une intrusion dans les valeurs culturelles africaines. « Les tentatives d’importation de ces modes de vie constituent un nouveau casus belli », a-t-il averti. Sonko a rappelé que l’homosexualité demeure fortement réprimée au Sénégal et que les pressions internationales généreraient des tensions inutiles. Il a appelé les Occidentaux à respecter les spécificités culturelles de son pays, tout en insistant sur le fait qu’il n’y avait jamais eu de persécution systématique des communautés LGBT.
Le premier ministre sénégalais a reconnu que la défense des droits des minorités est une priorité en Occident, mais il a exhorté à comprendre que cette démarche n’est pas compatible avec les réalités culturelles de nombreux pays africains. « Cette question soulève d’énormes incompréhensions et peut alimenter un sentiment antioccidental », a-t-il conclu.
Mais alors, quelle sera la prochaine étape dans les relations tumultueuses entre le Sénégal et la France sous l’ère Sonko ? Comment ces prises de position influenceront-elles les dynamiques politiques régionales et internationales ?
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