Le Comité olympique algérien interpelle le CIO, voulant éviter toute manifestation politique pendant les Jeux Olympiques 2024 à Paris, suite à des tensions avec le Maroc au sujet du Sahara occidental.
Les Jeux Olympiques, depuis leur renaissance moderne sous l’influence du baron Pierre de Coubertin, se veulent apolitiques, pourtant ils n’échappent pas aux tumultes mondiaux actuels. Les interdictions visant les athlètes russes et biélorusses qui ne peuvent concourir que sous bannière neutre illustrent bien cette réalité. Mais l’édition 2024 des Jeux à Paris risque également d’être marquée par une autre querelle internationale : celle entre l’Algérie et le Maroc.
Le conflit latent entre l’Algérie et le Maroc
Depuis des décennies, le Sahara occidental est une région de discorde entre les deux pays. Le Maroc considère cette vaste étendue désertique comme partie intégrante de son territoire national, tandis que le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, réclame son indépendance. Récemment, cela s’est traduit par l’annulation côté algérien de matchs de football et de handball où les équipes marocaines arboraient des maillots affichant le Sahara occidental comme faisant partie du Maroc.
La lettre de l’Algérie au CIO : une demande de neutralité stricte
Face à ce climat palpable de tensions, l’Algérie a adressé une missive au Comité International Olympique (CIO). Le Comité olympique algérien invoque l’article 50 de la Charte olympique, qui stipule : « Aucune sorte de manifestation ou de propagande politique, religieuse ou raciale, n’est autorisée dans un lieu, ou une zone olympique ». Cette démarche vise à empêcher les « provocations marocaines » que l’Algérie perçoit, particulièrement en lien avec la cartographie controversée arborée par les athlètes marocains.
La charge de l’apolitisme dans l’arène olympique
En citant l’article 50 de la Charte, l’Algérie rappelle les principes fondateurs des Jeux Olympiques : garantir un espace de compétition strictement dévoué au sport, exempt de toute ingérence ou pression de type politique. Le Comité olympique algérien insiste sur la nécessité absolue de maintenir cet environnement neutre pour permettre des affrontements sportifs corrects et justes. Mais cette position pose la question de l’application concrète de cette neutralité, particulièrement dans des régions politiquement chargées.
Les implications pour les relations diplomatiques
Cette démarche n’est pas anodine et a le potentiel d’ajouter une couche supplémentaire à la relation déjà tendue entre l’Algérie et le Maroc. Les répercussions peuvent être significatives, non seulement pour les Jeux Olympiques, mais également pour les interactions diplomatiques futures entre les deux nations. La façon dont le CIO réagira à cette demande pourrait bien poser un précédent sur comment gérer les manifestations politiques dans les événements sportifs mondiaux.
Des précédents de conflit dans l’histoire des JO
Ce n’est pas la première fois que les Jeux Olympiques sont utilisés comme théâtre de revendications politiques. On se souvient de l’interdiction aux athlètes sud-africains de participer à cause de l’apartheid, ou encore du boycott des Jeux de Moscou en 1980 par plusieurs pays en réponse à l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique. Chaque situation appelle des résolutions uniques tout en revenant inlassablement aux principes d’unité promus par Coubertin.
Vers une solution constructive ?
Pour le Maroc, répondre aux accusations algériennes et à la demande de neutralité n’est pas une tâche aisée. Le royaume défend la représentativité de ce qu’il considère comme son territoire, tandis que l’Algérie reste inébranlable dans son soutien au Polisario. Afin de garantir des Jeux sans incidents, des mesures devront être prises pour apaiser les tensions. D’ores et déjà, le CIO se retrouvera à jongler entre respect des chartes et gestion des susceptibilités nationales.
La carte géopolitique compliquée de cette région du monde exacerbe les défis que devra relever l’organisation des JO. Les controverses autour du Sahara occidental démontrent à quel point il est essentiel pour les instances sportives d’adopter des postures fermes pour éviter la propagation des conflits internes sur la scène internationale olympique.
Les Jeux Olympiques de Paris 2024, ambitieux et universels, parviendront-ils à incarner les idéaux de Coubertin en ignorant les querelles diplomatiques ou seront-ils encore une fois le miroir des tensions du globe ? Les réponses du CIO et des nations belligérantes détermineront sans doute l’avenir du sport comme expression de paix et de fraternité. Or, que reste-t-il à espérer des Jeux si l’arène olympique devenait une nouvelle scène de conflit ?
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