Au Nigeria, le président Bola Tinubu s’apprête à lancer un ambitieux programme pour généraliser les véhicules fonctionnant au gaz naturel comprimé dans le pays.
Les mesures visant à promouvoir les véhicules au gaz naturel comprimé (GNC) au Nigeria continuent de prendre de l’ampleur. Le président Bola Tinubu a dévoilé un programme visionnaire destiné à transformer radicalement le paysage énergétique du pays. Dès octobre, les administrations publiques devront impérativement utiliser des véhicules fonctionnant au GNC, une alternative indispensable pour un pays fréquemment confronté à de sévères pénuries de carburant.
Un programme présidentiel pour la transition énergétique
Le nouveau « Programme présidentiel GNC » du Nigeria marque un tournant décisif dans les efforts de transition énergétique du pays. Les ministères, gouvernements locaux et agences étatiques devront désormais se conformer à une directive précise : n’acheter que des véhicules alimentés par des sources d’énergie verte. Cette orientation s’articule autour de trois options principales : le gaz naturel comprimé, l’énergie solaire et l’électricité.
Cette mesure n’est pas une simple recommandation. Le président Tinubu, via son porte-parole, a clairement exprimé l’importance de ce changement : « Cela commence avec nous, et s’ils voient que nous sommes sérieux, les Nigérians suivront notre exemple. » Par cette déclaration, le chef de l’État confirme sa volonté de voir le secteur public jouer un rôle exemplaire dans ce mouvement vers une énergie plus propre.
Un engagement financier significatif
Afin de soutenir cette transition, un plan de financement conséquent a été dévoilé. Le secteur privé prévoit d’investir 50 millions de dollars pour étendre et renforcer le réseau de distribution du GNC au Nigeria. Mickaël Vogel, analyste pour le cabinet Hawilti à Lagos, explique que bien que les infrastructures pour fournir les sites industriels en gaz naturel soient déjà en place, les stations de ravitaillement pour les véhicules restent insuffisantes.
La première phase du programme doit être mise en œuvre avant la fin du mois de mai. Elle verra l’introduction de 800 bus et 4 000 tuk-tuks fonctionnant au gaz naturel comprimé, ainsi que 100 bus électriques dans les rues nigérianes. Ces nouvelles acquisitions visent à réduire les coûts des transports publics et à atténuer les pénuries de carburant chroniques.
Les défis à surmonter
Bien que prometteur, ce programme n’est pas sans défis. Le Nigeria, avec plus de douze millions de véhicules immatriculés selon les statistiques de 2018, doit faire face à un changement structurel majeur. Sortir des véhicules à motorisation thermique pour adopter massivement le GNC nécessite une planification minutieuse et une mise en œuvre rigoureuse.
Les infrastructures actuelles de ravitaillement en gaz naturel comprimé restent largement insuffisantes pour répondre à l’ensemble des besoins du pays. Les nouvelles stations de ravitaillement devront être déployées dans des points stratégiques pour assurer un accès facile et régulier à cette nouvelle source d’énergie. Par ailleurs, la maintenance et le service des nouveaux véhicules devront être garantis pour éviter des interruptions inopportunes.
Impact environnemental et économique
L’adoption du GNC n’offre pas seulement des solutions immédiates aux problèmes de carburant, elle présente aussi des avantages environnementaux notables. Le gaz naturel comprimé émet moins de polluants que les carburants traditionnels, ce qui pourrait contribuer à améliorer la qualité de l’air, particulièrement dans les zones urbaines fortement peuplées. Cette réduction des émissions de CO₂ est une étape cruciale dans la lutte contre le changement climatique.
D’un point de vue économique, la baisse des coûts de transport pourrait favoriser une réduction des prix des biens et services. Une diminution du coût de la vie serait un soulagement pour de nombreuses familles nigérianes. Le développement des infrastructures de GNC pourrait également créer de nouvelles opportunités d’emplois, notamment dans les secteurs de la construction, de la maintenance et de la distribution de gaz.
Un modèle pour l’avenir ?
Le Nigeria, par ce programme ambitieux, se pose en pionnier de la transition énergétique en Afrique de l’Ouest. Cette initiative pourrait servir d’exemple à d’autres nations africaines confrontées à des défis similaires en matière d’énergie et d’environnement.
L’avenir de cette transition énergétique repose toutefois sur des questions cruciales. Les investissements seront-ils suffisants pour transformer durablement le secteur des transports au Nigeria ? Les Nigérians adopteront-ils cette nouvelle technologie avec enthousiasme ? Tous ces éléments détermineront si ce programme présage d’une transformation durable ou d’une initiative temporaire.
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