Marseille, devenue une plaque tournante essentielle de l’Internet mondial grâce à d’importants investissements numériques, se prépare à accueillir 2Africa, le câble sous-marin le plus long au monde, soulevant des enjeux économiques et écologiques majeurs.
Marseille, un hub numérique en pleine expansion
Depuis plusieurs années, la ville de Marseille a opéré une transformation radicale, consolidant son statut de carrefour numérique mondial. Cette nouvelle dimension a été rendue possible grâce à l’installation de multiples câbles sous-marins et à la mise en place d’infrastructures modernes. Avec 17 câbles sous-marins déjà en place, la cité phocéenne est devenue un centre névralgique de la connectivité internationale, positionnée comme le septième hub internet mondial selon le classement 2022 de l’ONG Telegeography. Ces connexions ne sont pas seulement techniques ; elles sont aussi synonyme de potentiel de croissance économique et d’emplois.
2Africa : Un projet titanesque pour connecter trois continents
Le projet 2Africa, mené par un consortium incluant Meta, constitue la pierre angulaire de cette ambition numérique. Avec ses 37 000 kilomètres de câble, 2Africa promet de relier directement 33 pays, couvrant ainsi une population de plus de 3 milliards de personnes. Ce câble débutera à Marseille et effectuera un parcours en boucle jusqu’au Portugal et à la Grande-Bretagne, traversant la Mer Rouge et contournant l’Afrique du Sud. Cette initiative, en phase avec le planning prévu, devrait entrer en service cette année.
Grâce à ce projet, les promesses sont nombreuses : une connectivité plus rapide et fiable, notamment pour l’Afrique où l’accès à Internet reste limité, et la réduction de la fracture numérique entre les continents. À Marseille, les data centers déjà présents, au nombre actuel de cinq, verront leur capacité augmenter, avec des prévisions visant la quinzaine à moyen terme.
Impacts économiques dans la région phocéenne
Sur le plan local, la ville de Marseille bénéficie déjà de cette dynamique numérique. La multiplication des connexions et des infrastructures a permis de créer des milliers d’emplois, revitalisant ainsi une économie fragilisée par un taux de chômage de 9,4%, supérieur à la moyenne nationale de 6,9%. La métropole, autrefois connue pour ses industries portuaires et pétrochimiques, s’impose désormais comme un acteur clé du secteur de la haute technologie et de la connectivité mondiale.
Outre les emplois créés directement dans le secteur technologique, l’afflux de data centers contribue à attirer d’autres entreprises technologiques, renforçant ainsi l’écosystème numérique local. Les perspectives économiques s’annoncent donc très prometteuses, avec une diversification économique qui pourrait façonner le futur de Marseille.
Les défis environnementaux du développement numérique
Toutefois, cette croissance n’est pas sans susciter des inquiétudes. En premier lieu, l’impact environnemental des data centers est loin d’être négligeable. Leur consommation énergétique représente celle d’une ville de 150 000 habitants, une donnée alarmante dans un contexte de lutte contre le réchauffement climatique. Par ailleurs, ces infrastructures nécessitent des systèmes de refroidissement intensifs, contribuant à la création d’îlots de chaleur dans une des villes les plus touchées par les hausses de températures.
Les ONG environnementales et les experts locaux appellent donc à une gestion équilibrée entre développement technologique et durabilité écologique. La transformation de Marseille en hub numérique doit impérativement s’accompagner de mesures visant à minimiser l’empreinte carbone des nouvelles infrastructures.
Perspectives et équilibres futurs
En somme, le projet 2Africa est une opportunité formidable pour Marseille de se positionner en leader mondial de la connectivité internet. En reliant trois continents, ce câble sous-marin promet de réduire significativement la fracture numérique et d’offrir des connexions plus rapides et fiables. Néanmoins, les défis environnementaux ne doivent pas être ignorés.
L’avenir de la cité phocéenne repose ainsi sur sa capacité à trouver un juste équilibre entre croissance économique et respect de l’environnement. Comment Marseille parviendra-t-elle à conjuguer son développement numérique avec une durabilité environnementale ? Les enjeux sont énormes, et les choix faits aujourd’hui définiront le futur de la région pour les décennies à venir.