Malgré sa place de deuxième exportateur d’armes mondial, la France peine à s’imposer sur le marché africain, notamment subsaharien. Une faille que Paris peine à colmater, face à une concurrence internationale de plus en plus féroce.
Une présence française à renforcer
Malgré un rayonnement mondial, les armes françaises trouvent peu d’acquéreurs en Afrique. D’après les données recueillies en 2022, seulement 3% des autorisations d’export d’armes délivrées par la France sont destinées à l’Afrique du Nord. L’Afrique subsaharienne, elle, ne figure même pas sur la carte. Une situation paradoxale alors que la France compte une présence militaire significative en Afrique.
Sur la dernière décennie (2013 à 2022), le pourcentage des exportations d’équipements militaires français à destination de l’Afrique subsaharienne n’a représenté qu’1,5%. Une présence marginale qui pose question.
Une autocensure française autocensure?
Interrogé lors d’une conférence de presse, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, pointe du doigt une forme d’autocensure française en la matière: « C’est une très bonne question qui tient beaucoup à notre logiciel… » Selon lui, la présence militaire française a plutôt « acculturé » ce ministère ainsi que le partenaire qui pourrait l’accueillir.
Une « logique de ‘on fait à la place de' » qu’il s’agit de renverser.
Un marché balisé par la concurrence
Le terrain de l’exportation d’armes en Afrique, pourtant, n’est pas vierge. La Russie, la Chine, mais aussi des acteurs plus récents comme la Turquie, se positionnent d’ores et déjà sur ce marché.
Selon Peer de Jong, vice-président de Themiis (société de conseil en stratégie et défense), les entreprises turques proposent des offres « all inclusive », qui incluent la formation des troupes et la vente de matériels. Une stratégie qui semble fonctionner, car « il y a une diffusion d’un armement turc de qualité… » en Afrique.
L’urgence de s’adapter à un nouveau modèle
A l’heure où les armées africaines se modernisent rapidement, le matériel français est pour l’heure absent de ce marché en expansion. C’est le cas notamment des drones, une arme de plus en plus prisée par les pays africains.
Le drone TB2 Bayraktar, star de la guerre en Ukraine, a déjà été commandé par une dizaine de pays africains. Un réel succès pour le constructeur turc qui dame le pion aux fabricants français.
Face à cette transformation du marché, comment la France va-t-elle adapter sa stratégie d’export à cette nouvelle donne ? Pourra-t-elle sortir de son autocensure, selon les mots de Sébastien Lecornu, afin de ne pas laisser les acteurs internationaux supplanter l’industrie française de défense en Afrique ?