Vendredi 9 juillet s’est tenu un nouveau sommet du G5 Sahel, au cours duquel le président de la République Emmanuel Macron a exposé les nouvelles modalités de la présence française dans la région. Il y a quelques jours, le président tchadien par intérim et fils du défunt chef de l’État, Mahamat Idriss Déby, a demandé à la France une aide financière afin de pouvoir assurer sa transition politique, tout en continuant de participer à la lutte contre le terrorisme au Sahel. Comment redéfinir la coopération franco-tchadienne à l’ère post-Barkhane ?
La fin de l’opération Barkhane ouvre un nouveau chapitre dans les relations franco-africaines. En annonçant la «transformation profonde» de la présence militaire française au Sahel, début juin, le président de la République Emmanuel Macron n’a pas seulement mis un terme à l’opération Barkhane telle que nous la connaissions depuis 2014. Le chef de l’État a jeté les bases d’une nouvelle alliance internationale antidjihadiste pour la région. La fermeture de bases de l’armée tricolore ne signifie en aucun cas que Paris restera sourde aux problèmes qu’affrontent les États qui participaient à l’opération militaire, toujours secoués par des vagues d’attentats terroristes.
« Des forces spéciales structurées autour de l’opération Takuba » opéreront toujours dans la région, a annoncé Emmanuel Macron à cette occasion, en précisant que « plusieurs centaines de soldats » seraient toujours mobilisés pour épauler les forces armées des États africains. Le président français leur a d’ores et déjà promis une « coopération », à condition que les autorités sahéliennes ne se compromettent pas avec les forces djihadistes. Les populations de la région pourront donc toujours compter sur un appui français et Paris pourrait en profiter pour redéfinir ses alliances dans la région.
Et pourquoi pas s’appuyer davantage sur le Tchad ? Le pays est à un tournant de son histoire, après le décès prématuré du président Idriss Déby, en avril 2021, tué lors d’une infiltration de forces rebelles, au nord, peu après sa réélection. Son fils, Mahamat Idriss Déby, officier de l’armée tchadienne, a pris les rênes du pays pour une période transitoire, en attendant des élections prévues en 2022. Pour marquer son soutien, le président français s’est rendu aux funérailles de son homologue tchadien, le 23 avril dernier.
Alliance internationale centrée sur la lutte contre le terrorisme
Mais si Mahamat Idriss Déby a pris acte de la fin de l’opération Barkhane, persuadé que « les Africains sont tout à fait capables de se défendre eux-mêmes contre le fléau djihadiste », le Tchad a autant besoin de la France que l’inverse. Pour l’armée du pays, le général Daoud Yaya Brahim, en visite à Paris le 29 juin dernier, a d’ailleurs demandé une aide de la France et de l’Union européenne (UE), tout comme le président tchadien par intérim, le 5 juillet, qui s’est directement adressé à Emmanuel Macron. Le Tchad est l’une des pièces maîtresses de la stratégie française au Sahel, ses troupes ayant fait preuve d’une fidélité à toute épreuve dès 2013 lors de l’opération Serval au Mali contre les forces djihadistes.
Le locataire de l’Élysée a effectivement « réitéré son soutien à la transition [tchadienne] et annoncé la mise en œuvre, à échéance rapprochée, d’une nouvelle aide budgétaire », a fait savoir la présidence française, à l’issue de la visite de Mahamat Idriss Déby. Emmanuel Macron en a profité pour rappeler « son attachement à l’intégrité territoriale du Tchad et sa présence aux côtés du peuple tchadien dans cette période sensible », tout en rappelant les objectifs de la transformation du dispositif militaire français au Sahel.
L’idée, déjà ancienne – dès 2018, la question avait été abordée par Emmanuel Macron -, d’intégrer certains partenaires européens au sein des opérations sahéliennes, verra-t-elle enfin le jour ? Le chef de l’État tricolore l’a en tout cas affirmé : il souhaite un « partenariat solide » avec la région, qui occupe le « haut de l’agenda européen ». Si le risque principal est que le Tchad, partenaire stratégique de la France, ne soit plus en mesure de financer la lutte contre le terrorisme sur son propre territoire, sa volonté d’en finir avec la menace djihadiste semble intacte.