EN BREF
  • 🌍 Elsa Majimbo critique la « taxe noire », une obligation financière ressentie par de nombreux Africains.
  • 👥 La solidarité familiale, ancrée dans la philosophie de l’ubuntu, est remise en question par la jeune génération.
  • 🔄 Historiquement liée au colonialisme, cette pratique perpétue des inégalités économiques.
  • 💡 Le débat soulève des réflexions sur comment équilibrer tradition et aspirations personnelles.

Le débat sur les transferts d’argent des communautés africaines a récemment été ravivé par Elsa Majimbo, actrice et influenceuse kenyane, à travers une vidéo TikTok aujourd’hui supprimée. Elle exprimait son aversion pour ce qu’elle appelle la « taxe noire », une obligation sociale ressentie par de nombreux Africains qui réussissent à soutenir financièrement leur famille élargie. Bien que cette pratique soit ancrée dans la philosophie africaine de l’ubuntu, elle suscite des discussions intenses sur son bien-fondé et ses implications. Cet article explore les différentes perspectives sur cette tradition, ses origines et ses répercussions sur la vie des personnes concernées.

La tradition de la solidarité familiale en Afrique

Dans de nombreuses cultures africaines, la solidarité familiale n’est pas simplement une valeur mais une véritable obligation. Les individus qui parviennent à un certain succès, que ce soit localement ou à l’étranger, sont souvent attendus pour soutenir leurs proches moins fortunés. Cette tradition s’enracine dans la philosophie de l’ubuntu, qui privilégie le bien-être communautaire sur la réussite individuelle. Un exemple frappant est celui d’une ancienne enseignante zimbabwéenne qui, malgré un salaire modeste, a consacré la majeure partie de ses revenus à ses neuf frères et sœurs. Ce soutien est perçu par certains comme un honneur, mais pour d’autres, il peut devenir un fardeau pesant. Cet équilibre entre fierté et responsabilité soulève des questions sur la pérennité de cette tradition dans un monde de plus en plus individualiste.

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Les critiques et les soutiens de la « taxe noire »

Elsa Majimbo a ouvertement critiqué la « taxe noire », suscitant des réactions variées. Certains Africains partagent son point de vue et considèrent cette pratique comme une charge financière déraisonnable, surtout lorsqu’ils vivent à l’étranger et cherchent à construire leur propre avenir. Gabe Mutseyekwa, un Zimbabwéen vivant en Allemagne, a fait le choix de cesser d’envoyer de l’argent à sa famille pour se concentrer sur son avenir personnel. Ce choix difficile reflète un désir croissant d’équilibrer obligations familiales et aspirations personnelles. En revanche, d’autres, comme la coiffeuse ougandaise Sandra Ajalo, voient cette contribution comme une aide communautaire essentielle. Pour ces derniers, la solidarité familiale reste une valeur primordiale, malgré les sacrifices personnels qu’elle peut impliquer.

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Origines historiques et conséquences économiques

Le concept de la « taxe noire » trouve ses racines dans l’histoire coloniale de l’Afrique. Le colonialisme a créé des inégalités structurelles qui persistent encore aujourd’hui, forçant les familles à s’appuyer sur la solidarité pour survivre. Selon le professeur Chipo Dendere, cette pratique est devenue un cycle sans fin, exacerbant les difficultés économiques plutôt que de les résoudre. Dans de nombreux pays africains, l’absence de services sociaux de base tels que les soins de santé ou l’éducation oblige les membres les plus aisés des familles à combler ces lacunes. En 2023, les transferts d’argent des migrants africains vers leur pays d’origine ont atteint 95 milliards de dollars, illustrant l’ampleur de cette pratique. Ce chiffre montre à quel point ces transferts sont vitaux pour les économies locales, mais soulève également des questions sur leur durabilité à long terme.

Elsa Majimbo prend la parole à l'événement WSJ Tech Live organisé par le Wall Street Journal à Laguna Beach, Californie, le 17 octobre 2023.

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Vers une réévaluation des pratiques culturelles

Face à ces défis, la jeune génération africaine commence à questionner la pertinence de la « taxe noire ». Dans un monde globalisé où les rêves individuels prennent de plus en plus de place, ces jeunes cherchent des moyens de concilier traditions et aspirations personnelles. L’ancien footballeur Mikel John Obi a également exprimé son agacement face aux attentes familiales, soulignant que le succès personnel ne devrait pas automatiquement entraîner des obligations financières envers une multitude de parents. La question demeure de savoir comment les Africains peuvent réinventer la solidarité communautaire sans sacrifier leur propre développement personnel. Cette remise en question pourrait être le début d’une transformation culturelle où l’entraide prendrait de nouvelles formes.

La discussion autour de la « taxe noire » soulève des interrogations sur la manière dont la solidarité familiale africaine peut évoluer. Alors que certains la voient comme un fardeau à alléger, d’autres y voient une nécessité à préserver. Comment les communautés africaines peuvent-elles trouver un consensus qui respecte la tradition tout en s’adaptant aux réalités contemporaines? Cette question reste ouverte, incitant chacun à réfléchir à sa propre responsabilité envers sa famille et sa communauté.

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Originaire d'une ville vibrante d'Afrique, je suis un journaliste passionné par les récits de mon continent. Diplômé en journalisme, j'ai fondé Afriquenligne, en étant captivé par le désir de révéler les réalités africaines. Je voyage pour offrir des reportages authentiques, visant à transformer la perception de l'Afrique. Contact : [email protected]

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