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L’Ouganda, comme beaucoup d’autres pays africains, fait face à une crise de pollution de l’air qui menace la santé publique et l’environnement. Dans sa capitale, Kampala, les niveaux de pollution sont alarmants, avec des particules en suspension dans l’air atteignant des niveaux presque huit fois supérieurs aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pour répondre à ce défi, les autorités ougandaises ont adopté une stratégie innovante : l’installation de capteurs de qualité de l’air alimentés par l’intelligence artificielle (IA). Ces dispositifs, non seulement abordables, mais aussi efficaces, offrent une nouvelle lueur d’espoir pour réduire les maladies liées à la pollution, en ciblant particulièrement les populations les plus vulnérables.
Les défis de la pollution atmosphérique à Kampala
Kampala, la capitale ougandaise, se retrouve aujourd’hui parmi les villes les plus polluées du continent africain. Selon l’indice IQAir, la concentration de particules fines dans l’air y est dangereusement élevée, ce qui pose un sérieux problème de santé publique. La croissance rapide de la ville, combinée à une augmentation du nombre de véhicules, a intensifié ce problème. Les experts estiment qu’au cours des quatre dernières années, plus de 7 250 décès dans la ville sont directement liés à cette pollution atmosphérique.
Face à cette situation préoccupante, les autorités ont pris des mesures pour installer plus de 65 capteurs de qualité de l’air à travers la ville, chaque capteur coûtant environ 150 dollars américains. Ces capteurs utilisent des technologies avancées d’IA pour identifier les zones les plus polluées et permettre une intervention rapide. Selon Alex Ndyabakira, responsable de la surveillance de la qualité de l’air à l’Autorité de la capitale de Kampala (KCCA), ces données en temps réel sont cruciales pour prendre des décisions immédiates et efficaces.
Avec ce système, les autorités peuvent désormais cibler les interventions, par exemple en modifiant les politiques de gestion du trafic ou en lançant des initiatives de santé publique. Cela permet de réduire non seulement les niveaux de pollution, mais aussi les risques pour les millions de personnes vivant dans la ville.
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Impact des technologies d’IA sur la surveillance de l’air
L’utilisation de l’IA pour surveiller la qualité de l’air à Kampala est une première en Ouganda. Ces technologies permettent de simplifier les processus et d’améliorer l’efficacité des interventions. Grâce à un indice de qualité de l’air coloré et codé, les zones les plus polluées sont facilement identifiables, ce qui facilite la prise de mesures appropriées.
Les responsables de la ville ont déjà mis en œuvre plusieurs interventions ciblées grâce à ces données. Par exemple, ils ont préconisé l’utilisation d’un train sur la route Est, une zone particulièrement polluée aux heures de pointe, afin de réduire les émissions des voitures. La ville a également adopté des lois interdisant de fumer dans les lieux publics et encourage l’utilisation d’énergies renouvelables, notamment pour la cuisine.
Ces efforts montrent que la technologie peut être un puissant allié dans la lutte contre la pollution de l’air. Les données collectées permettent de mettre en place des politiques plus efficaces et de sensibiliser la population aux dangers de la pollution.
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Conséquences sanitaires de la pollution
La pollution de l’air est un facteur majeur de maladies non transmissibles (MNT) en Ouganda. Selon l’OMS, elle est responsable d’un tiers des décès liés aux MNT dans le pays. Les maladies les plus courantes liées à la pollution comprennent le diabète, l’asthme chez les enfants et les maladies cardiaques.
Frank Mugabe, responsable des MNT au ministère ougandais de la Santé, souligne l’importance des données en temps réel pour lutter contre cette menace pour la santé publique. Le ministère consacre 17 % de son budget annuel aux MNT, dont 60 % sont investis dans la prévention. Jane Ruth Aceng, ministre ougandaise de la Santé, affirme que la lutte contre toute maladie nécessite des données en temps réel, et que la nouvelle technologie de surveillance de l’air simplifiera les processus.
En comprenant mieux la charge de pollution et ses conséquences, les autorités peuvent plaider pour des actions plus efficaces et mieux ciblées. Cela est crucial pour réduire les admissions à l’hôpital et améliorer la qualité de vie des habitants de Kampala.
Un problème régional de grande envergure
La crise de la pollution de l’air ne se limite pas à l’Ouganda. Selon un indice de pollution de l’air de 2024, l’Égypte, le Ghana et le Nigeria figurent parmi les pays les plus pollués d’Afrique, soulignant une crise croissante sur tout le continent. Sumi Mehta, vice-présidente de la santé climatique et environnementale chez Vital Strategies, indique que 90 % des habitants de l’Afrique subsaharienne respirent un air de mauvaise qualité.
Les secteurs les plus polluants en Afrique incluent l’énergie domestique, le transport, les déchets solides et l’utilisation des terres. Mehta affirme que la disponibilité des données aide les décideurs politiques à prendre les bonnes décisions en matière de santé publique. Jusqu’à récemment, le manque de données sur la qualité de l’air en Afrique subsaharienne signifiait que l’air pur n’était pas une priorité en matière de santé publique.
Cependant, avec les avancées technologiques et l’innovation, la surveillance de la qualité de l’air n’est plus coûteuse ni compliquée. L’approche de Kampala pour lutter contre la pollution de l’air reproduit des initiatives dans d’autres villes comme Jakarta en Indonésie, Fortaleza au Brésil et Bucarest en Roumanie, qui investissent dans l’air pur pour des bénéfices à la fois sanitaires et climatiques.
La voie vers un avenir plus propre
Les efforts déployés par Kampala pour lutter contre la pollution de l’air montrent la voie à suivre pour d’autres villes africaines et dans le monde. L’utilisation de technologies avancées, telles que l’IA, pour surveiller et gérer la qualité de l’air, offre un modèle prometteur pour d’autres régions confrontées à des défis similaires.
En adoptant des mesures telles que l’amélioration des infrastructures de transport, la promotion des énergies renouvelables et l’application stricte des réglementations environnementales, Kampala démontre comment une approche proactive peut atténuer les effets néfastes de la pollution de l’air. Ces initiatives non seulement protègent la santé publique, mais contribuent également à la lutte mondiale contre le changement climatique.
Alors que le monde continue de faire face à des niveaux croissants de pollution, la question demeure : d’autres villes suivront-elles l’exemple de Kampala et adopteront-elles des solutions innovantes pour garantir un air plus pur et une meilleure qualité de vie pour leurs habitants ?
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Wow, c’est vraiment impressionnant ! Qui aurait cru que des capteurs à 150 $ pourraient avoir un tel impact ? 😮
Merci pour cette innovation ! C’est un vrai soulagement de savoir que des actions concrètes sont entreprises pour améliorer la qualité de l’air. 👏
Je suis un peu sceptique… Est-ce que ces capteurs sont vraiment fiables à ce prix-là ?
Comment les autorités s’assurent-elles que les données collectées par ces capteurs sont utilisées efficacement pour améliorer la situation ?
Est-ce que d’autres pays africains envisagent d’adopter une technologie similaire pour lutter contre la pollution ?
150$ pour un capteur ? Je me demande si ça inclut aussi les frais d’entretien et de maintenance… 🤔