Les vastes ambitions du Prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman, souvent appelé MBS, ont mis l’Arabie saoudite dans une position complexe sur le plan économique. À travers une série de projets d’infrastructure colossaux et coûteux sous l’égide du plan Vision 2030, le royaume a vu sa dette publique exploser et ses réserves douloureusement érodées. Bien que l’objectif ultime soit d’attirer les investisseurs internationaux et de diversifier l’économie, les résultats jusqu’à présent ont été bien en deçà des attentes et l’endettement a atteint des sommets inquiétants.

Évolution de la dette publique

L’accession de MBS au poste de prince héritier en 2017 a marqué le début d’une ère de dépenses somptuaires. La dette publique de l’Arabie saoudite est passée en flèche de 107 à plus de 250 milliards d’euros en seulement sept ans. L’optimisme initial pour Vision 2030 a été rapidement confronté à la réalité financière.

L’année 2024 a déjà vu une augmentation de 40 milliards d’euros de la dette, générée par les marchés internationaux et les institutions locales. Cet endettement massif est en grande partie attribuable à la baisse des revenus pétroliers et aux dépenses sociales élevées nécessaires pour maintenir l’appui populaire.

Projets pharaoniques en question

Vision 2030, le programme phare de Mohammed Ben Salman, consiste en une série de projets d’infrastructure extrêmement coûteux visant à diversifier l’économie saoudienne. Riyad hésite à communiquer le coût total de ces projets, mais des estimations par S&P Global placent le total à environ 1 000 milliards de dollars, soit 920 milliards d’euros.

Malgré ces ambitions démesurées, le financement demeure un casse-tête majeur. Riyad a été contraint de restructurer certains projets faute de capitaux suffisants. L’illusion de voir l’afflux massif d’investissements étrangers n’a pas tenu, avec seulement 11,4 milliards de dollars d’investissements étrangers en 2023, bien loin de l’objectif annuel de 100 milliards d’ici à 2030.

🔎 Résumé
📈 Dette en flèche
🏗️ Projets Vision 2030
💰 Faible attrait des investisseurs
📉 Réserve pétrolière en baisse

Manipulations financières et impact local

Pour financer ces grands projets, l’Arabie saoudite a recours à des ventes d’actifs précieux comme Saudi Aramco. En février 2024, une nouvelle vente de 0,64 % du capital de l’entreprise pétrolière nationale a rapporté 11,2 milliards de dollars, mais cette richesse s’épuise rapidement pour couvrir le déficit public. Ainsi, le Royaume s’attend à générer près de 65 milliards d’euros de déficit budgétaire supplémentaires entre 2024 et 2026.

En parallèle, les citoyens sont taxés de manière accrue depuis l’avènement de MBS. La TVA, introduite à 5 % peu après son arrivée, a été tripée à 15 % en 2020. En 2023, les recettes fiscales provenant de cette taxe ont atteint 65 milliards d’euros. Mohammed Ben Salman avait promis un retour au taux de TVA initial entre 2022 et 2026, mais cela n’a pas encore eu lieu, ce qui continue d’affecter le pouvoir d’achat local.

  • Explosion de la dette publique
  • Recours à la vente d’actifs pour financement
  • Augmentation de la TVA
  • Déception des investisseurs étrangers

Ce mécanisme de financement met une pression énorme sur une population qui n’a souvent qu’une voix limitée dans ce débat économique crucial. Les Saoudiens doivent compter sur des forums privés au sein des tribus ou des familles pour formuler des critiques, ce qui souligne les limites d’une discussion publique libre et ouverte.

Le silence imposé aux citoyens

Les critiques envers le plan Vision 2030 sont largement réprimées, la liberté d’expression étant sévèrement encadrée en Arabie saoudite. Seuls les forums privés tels que les structures tribales permettent aux citoyens de se plaindre sans crainte des répercussions. Ryan Bohl, analyste chez RANE, souligne que les critiques dépendront du statut social de l’individu, les plus élevés de la hiérarchie ayant plus de marge de manœuvre pour questionner les décisions stratégiques.

L’aspect politique des projets joue aussi un rôle clé : s’ils sont liés à la légitimité du gouvernement, les critiques sont encore plus risquées. Les citoyens assistent ainsi impuissants à des choix stratégiques pouvant influencer leur avenir, mais avec peu ou pas de moyens pour infléchir ces décisions.

En fin de compte, les projets pharaoniques de MBS soulèvent une question fondamentale : quelle trajectoire doit suivre l’Arabie saoudite pour garantir son avenir économique et assurer la stabilité de sa population ?

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Originaire d'une ville vibrante d'Afrique, je suis un journaliste passionné par les récits de mon continent. Diplômé en journalisme, j'ai fondé Afriquenligne, en étant captivé par le désir de révéler les réalités africaines. Je voyage pour offrir des reportages authentiques, visant à transformer la perception de l'Afrique. Contact : [email protected]

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