L’Arabie saoudite se prépare à révolutionner son image en lançant Aquarabia, un parc aquatique monumental visant à attirer millions de touristes et à diversifier ses sources de revenus.

Objectifs stratégiques : diversification économique et attrait touristique

L’Arabie saoudite, royaume connu pour ses déserts immenses et son climat rigoureux, se lance dans une ambitieuse transformation de son paysage. Le projet Aquarabia, un parc aquatique titanesque, marque un point crucial dans cette mouvance. Situé au cœur du désert, ce projet, qui s’insère dans le cadre du complexe de loisirs Qiddiya, vise à insérer le royaume dans la liste des destinations touristiques de luxe mondiales.

Attractions de premier plan : sensations fortes et innovations

Aquarabia ne sera pas un simple parc aquatique. Avec ses 22 attractions spectaculaires, il proposera des expériences uniques aux amateurs de sensations fortes comme aux adeptes de luxe et de détente. Parmi les éléments phares, les visiteurs pourront s’initier au surf sur des vagues artificielles, affronter les forces centrifuges du Spinning Rapids, ou encore s’élancer dans le vide depuis le sommet du Hyper Viper, un plongeon vertigineux de 15 mètres. Ces infrastructures promettent une excellente diversité d’activités, rendues possibles par la technologie et l’ingéniosité des concepteurs.

Qiddiya : un mégaprojet intégré

Aquarabia fait partie d’un ensemble beaucoup plus vaste : le complexe Qiddiya, prévu sur une superficie de 334 km². En plus du parc aquatique, ce projet inclura des hôtels, des supermarchés, des salles de spectacle et un circuit automobile. L’enjeu pour le royaume est limpide : réduire sa dépendance aux revenus pétroliers en attirant un flux estimé à 17 millions de visiteurs. Cela s’inscrit dans la Vision 2030, une feuille de route économique visant à diversifier les ressources économiques du pays.

Défis environnementaux et énergétiques

La construction d’un parc aquatique au milieu de l’une des régions les plus sèches de la planète pose néanmoins des questions d’ordre écologique et énergétique. WhiteWater, le promoteur du projet, s’engage à réutiliser l’eau pour l’irrigation et le refroidissement des installations, mais l’absence de détails sur les sources précises d’approvisionnement en eau reste inquiétante. Pour pallier cette contrainte, l’Arabie saoudite envisage de se tourner vers des techniques de désalinisation de l’eau de mer et l’ensemencement des nuages, méthodes coûteuses en énergie et aux résultats incertains.

Leçons des mégaprojets précédents

Des réserves subsistent également quant à la capacité du royaume à mener ce projet à bien, en temps et en heure. Les grands chantiers saoudiens comme celui de la ville futuriste The Line, dont les ambitions ont dû être reconsidérées à plusieurs reprises, servent d’exemples. Dotée d’une hauteur prévue de 500 mètres et d’une extension de 170 km, The Line devait être une cité sans carbone. Or, les problématiques d’approvisionnement énergétique et les obstacles technologiques à surmonter ont retardé le projet, soulevant des doutes sur la faisabilité de tels chantiers pharaoniques.

Enjeux géopolitiques dans la région du Golfe

Le projet Aquarabia se situe aussi dans une course à l’innovation entre les monarchies du Golfe. Avec des projets tels que ceux de Dubaï et de Doha, chaque État cherche à démarquer ses infrastructures pour attirer les touristes et les investisseurs. Cette surenchère architecturale apparaît comme un levier géopolitique pour afficher une image de modernité et de puissance économique.

Vers un tourisme responsable ?

Alors que le tourisme pèse de plus en plus lourd dans les économies globales, la question de la durabilité des grands projets comme Qiddiya devient cruciale. Des pratiques de développement responsable doivent être envisagées afin de préserver l’écosystème fragile du désert saoudien et de suivre une politique environnementale plus saine. Cela pose une question fondamentale : comment allier prospérité économique et protection de l’environnement dans une région aussi aride ?

À mesure que l’Arabie saoudite se réinvente en destination touristique de luxe, la réussite d’Aquarabia pourrait-elle marquer un tournant vers un futur où l’innovation se mêle à la responsabilité écologique ?

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Originaire d'une ville vibrante d'Afrique, je suis un journaliste passionné par les récits de mon continent. Diplômé en journalisme, j'ai fondé Afriquenligne, en étant captivé par le désir de révéler les réalités africaines. Je voyage pour offrir des reportages authentiques, visant à transformer la perception de l'Afrique. Contact : [email protected]

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