L’Afrique est à un carrefour crucial. Le continent, riche en opportunités mais tourmenté par des défis structurels, nécessite une réévaluation urgente de ses dettes et un soutien financier massif. Akin Adesina, le directeur de la Banque africaine de développement, a tiré la sonnette d’alarme : sans intervention décisive, l’Afrique pourrait vivre une « décennie perdue ». Alors que les séquelles de la pandémie du COVID-19 continuent de peser lourdement sur les économies africaines, le monde doit faire bien plus pour offrir une bouée de sauvetage à ce continent aux ressources incommensurables.
Le besoin d’une restructuration rapide des dettes
Selon Akin Adesina, le cadre commun du G20, conçu pour faciliter la restructuration de la dette des pays à faible revenu, doit fonctionner à une cadence plus soutenue pour l’Afrique. Actuellement, ce dispositif montre des signes de lenteur préjudiciable. Par exemple, la Zambie a récemment conclu un rééchelonnement de sa dette après près de quatre années de négociations acharnées.
Cette situation démontre la nécessité d’une rapidité accrue dans les réformes. Les processus de restructuration lents, tels que ceux observés en Zambie, risquent de plonger davantage de pays africains dans les affres de l’insolvabilité. Adesina souligne que les retards dans ces procédures sont souvent insoutenables pour des économies déjà fragilisées.
Un appel à des financements conséquents
Outre la nécessité d’une restructuration rapide des dettes, Adesina appelle à une reconstitution de 25 milliards de dollars pour le Fonds africain de développement. Ce fonds, crucial pour accorder des prêts aux pays les plus vulnérables, est à un tournant décisif. Lors de sa dernière reconstitution, 8,9 milliards de dollars avaient été alloués pour le cycle de financement 2023-2025, un montant historique.
Toutefois, ce chiffre semble désormais dérisoire face aux besoins croissants du continent. Le directeur de la Banque africaine de développement insiste sur l’importance de renforcer ce fonds pour éviter que des pays comme le Ghana et l’Éthiopie, déjà en défaut de paiement, ne sombrent davantage.
Les défis structurels et la réponse mondiale
Le « long COVID fiscal » décrit par Adesina met en lumière les défis économiques accentués par la pandémie. Il avertit que 22 pays africains sont actuellement à haut risque de surendettement et que les paiements de service de la dette atteindront 74 milliards de dollars cette année, contre 17 milliards de dollars en 2010.
L’un des principaux facteurs de cette explosion de la dette est la diminution des financements concessionnels, passés de 57 % en 2010 à 25 % aujourd’hui. Adesina estime impératif que le système de financement mondial bondisse à la rescousse de l’Afrique pour éviter des divergences économiques catastrophiques.
🔍 | Résumé |
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⏳ | Importance d’une restructuration rapide de la dette |
💰 | Appel à des financements accrus pour le Fonds africain de développement |
⚠️ | Enjeux du « long COVID fiscal » et réduction des financements concessionnels |
Adesina évoque également la nécessité d’adapter les structures de crédit en accélérant la formation de comités de crédit dans le cadre commun du G20. Il propose aussi d’élargir le Club de Paris, jusqu’ici limité aux prêteurs concessionnels. « Le monde a changé », affirme-t-il, soulignant l’importance d’inclure des acteurs nouveaux et diversifiés pour parvenir à un dialogue et des solutions plus rapides.
Face à cette situation complexe, plusieurs actions s’imposent pour assurer une stabilité économique à long terme :
- Réforme accélérée du cadre commun du G20
- Renforcement du Fonds africain de développement avec les 25 milliards demandés
- Élargissement du Club de Paris pour intégrer de nouveaux créanciers
- Soutien accru des financements concessionnels
Akin Adesina a livré un message clair et urgent lors de son discours à la Chatham House de Londres. La communauté internationale doit initier des actions concrètes et rapides pour éviter que l’Afrique ne sombre dans une nouvelle période de stagnation économique. Le continent jaillit de potentiel et d’opportunités. L’avenir de l’Afrique repose sur des décisions prises aujourd’hui. Saurons-nous saisir cette chance?
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