Quelque 200 millions d’Africains appartenant à la diaspora jouent un rôle essentiel dans le développement économique et culturel de leurs pays d’origine, ainsi que dans leur pays d’adoption aux États-Unis.

La diaspora africaine, avec ses 200 millions de personnes éparpillées à travers le monde, représente une force économique et culturelle puissante. Aux États-Unis, particulièrement, cette communauté dynamise divers secteurs tels que l’innovation, les échanges culturels et l’économie. Mais comment ce capital humain peut-il encore être mieux exploité pour le développement de l’Afrique et de son image à l’international ? La question a été au cœur des discussions du sommet USA-Afrique de Dallas, où de nombreuses figures influentes de la diaspora ont partagé leurs visions.

Le poids économique de la diaspora africaine

La diaspora africaine ne se contente pas d’adopter de nouvelles cultures ; elle contribue activement à l’évolution économique et sociale des pays d’accueil ainsi que des pays d’origine. Les transferts d’argent réalisés par cette communauté représentent même, pour certains pays africains, une manne financière plus significative que les revenus issus de l’exportation. À cette dimension économique s’ajoutent des initiatives individuelles qui visent à créer des ponts entre les deux continents.

Bozoma Saint John, une personnalité de premier plan dans le domaine du marketing, illustre bien cette dualité bénéfique. « Lorsque j’ai travaillé pour Apple, nous avons introduit l’Apple Music en jouant du Hiplife, un genre musical ghanéen. Cela a façonné non seulement la reconnaissance de ce genre musical, mais a également créé une nouvelle catégorie dans le streaming musical », explique-t-elle. L’impact culturel de ces efforts ne se limite pas à la musique, mais s’étend à divers domaines, y compris le divertissement et l’industrie du cinéma.

L’industrie du divertissement : un levier pour changer la perception de l’Afrique

Selon Denim Richards, acteur connu pour son rôle dans la série _Yellowstone_, développer une industrie du divertissement en Afrique pourrait avoir des répercussions similaires à celles observées dans l’État du Montana grâce à la série. « _Yellowstone_ a généré 730 millions de dollars en tourisme et attiré 2,1 milliards de visiteurs au Montana, créant ainsi 10 000 emplois. Si nous pouvions faire la même chose pour l’Afrique, imaginez les opportunités ! », s’enthousiasme-t-il.

L’acteur met en avant la nécessité de contrôler les récits et les productions culturelles afin de changer les perceptions globales du continent africain. Le cinéma, la télévision et la musique deviennent alors des outils de soft power capables de transformer l’image de l’Afrique à l’international et d’attirer davantage d’investissements.

La diaspora comme ambassadeur économique et culturel

Audu Maikori, dirigeant du label de musique Chocolate City, appelle à une action concertée pour créer des plateformes musicales et audiovisuelles africaines. « La culture, ce n’est pas seulement du divertissement, c’est une forme d’empowerment. 25-30% de la musique sur Spotify est de l’afrobeat. Nous avons donc un marché en pleine expansion, et il est crucial que nous, les Africains, en tirions parti », affirme-t-il.

Maikori évoque également le rôle historique de la diaspora dans la construction de l’industrie musicale africaine et propose de tirer parti de cette expertise pour bâtir des écosystèmes durables. Ces initiatives visent à garantir que les bénéfices de l’industrie culturelle reviennent aux Africains eux-mêmes, plutôt qu’à des entités étrangères.

Intégration et participation politique

L’administration Biden a pris des mesures pour accroître l’influence de la diaspora africaine par la création du conseil présidentiel de l’engagement de la diaspora en septembre dernier. Deniece Laurent-Matney, présidente de ce conseil, souligne l’importance de cette initiative. « Il est nécessaire d’utiliser la diaspora comme un outil et générateur de recommandations de politiques publiques », dit-elle.

Elsie Sia Kanza, ambassadrice de Tanzanie aux États-Unis, renchérit en mettant en avant l’importance de la représentation politique : « Avoir des représentants dans les strates politiques américaines, que ce soit au niveau fédéral, des États ou des villes, est crucial. C’est là que les décisions sont prises, et nous devons être présents pour influencer ces décisions. »

Mobilisation de la diaspora dans le marketing et le tourisme

Bozoma Saint John, sur une note personnelle, raconte comment ses talents en marketing ont contribué à la popularisation du tourisme au Ghana après avoir réécrit le discours du président ghanéen pour les 400 ans de la cérémonie du « Year of Return ». « Le texte était bon, mais j’ai ajouté une touche marketing pour attirer les investisseurs et les consommateurs. Aujourd’hui, le Ghana accueille presque plus de touristes qu’il ne peut en héberger », se réjouit-elle.

Ainsi, de Dallas à Accra, la diaspora africaine montre qu’elle peut être un puissant levier de développement économique et culturel. Quel sera le prochain challenge pour cette diaspora dynamique, et comment les pays africains pourront-ils en tirer parti pour renforcer leur développement ?

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Originaire d'une ville vibrante d'Afrique, je suis un journaliste passionné par les récits de mon continent. Diplômé en journalisme, j'ai fondé Afriquenligne, en étant captivé par le désir de révéler les réalités africaines. Je voyage pour offrir des reportages authentiques, visant à transformer la perception de l'Afrique. Contact : [email protected]

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