Le gouvernement béninois annonce l’interdiction de la production, de l’importation et de la distribution des boissons alcoolisées en sachet plastique, marquant un tournant radical dans la régulation du secteur.
Une décision marquante
Le Bénin vient d’opter pour une régulation plus stricte du marché des boissons alcoolisées. La ministre du Commerce, Shadiya Assouma, a signé un arrêté interdisant totalement la production, l’importation et la distribution des boissons alcoolisées en sachet plastique. Cette décision, datant du 17 mai 2024, est perçue comme une mesure de santé publique à la fois radicale et nécessaire.
Les raisons de l’interdiction
Plusieurs motivations semblent guider cette interdiction. D’abord, les autorités cherchent à protéger les consommateurs, souvent jeunes, des effets néfastes de la consommation incontrôlée d’alcool bon marché. En effet, vendues à des prix extrêmement bas, ces boissons en sachet sont facilement accessibles, favorisant ainsi leur abus.
Ensuite, la problématique environnementale joue un rôle déterminant. Les sachets plastiques, non biodégradables, contribuent fortement à la pollution et à la dégradation des sols au Bénin. En interdisant ce mode de conditionnement, le gouvernement entend aussi promouvoir des pratiques plus respectueuses de l’environnement.
Des conséquences économiques
Cette interdiction pourrait avoir des répercussions économiques significatives. De nombreux petits commerçants dépendent en effet des ventes de ces boissons pour maintenir leur activité. À court terme, ces acteurs économiques pourraient donc subir des pertes financières importantes.
Toutefois, le gouvernement prévoit déjà des mesures d’accompagnement pour faciliter la transition. Il est envisagé de promouvoir la production de boissons alcoolisées dans des contenants plus écologiques, comme le verre ou l’aluminium. En outre, des programmes de sensibilisation et de formation pour les commerçants sont en cours d’élaboration afin de les aider à s’adapter à cette nouvelle réglementation.
Un besoin de sensibilisation
L’interdiction seule ne suffira pas à contrer les méfaits de la consommation excessive d’alcool. Il est essentiel de mettre en place des campagnes de sensibilisation efficaces pour informer la population des dangers de l’alcoolisme. Le ministère de la Santé prévoit d’ailleurs de collaborer avec diverses organisations non gouvernementales pour mener des actions sur le terrain.
L’éducation des jeunes, notamment dans les écoles et les universités, sera déterminante. Des programmes pédagogiques doivent être instaurés afin de prévenir les comportements à risque et d’encourager des habitudes de consommation plus responsables.
Une ouverture vers des boissons locales
Par ailleurs, cette interdiction pourrait représenter une opportunité pour la mise en avant et le développement de boissons locales, telles que des jus de fruits naturels ou des boissons non alcoolisées traditionnelles. En promouvant ces alternatives, le gouvernement pourrait stimuler l’économie locale tout en répondant aux attentes d’une population en quête de produits plus sains et authentiques.
Les actions des autres pays africains
Le Bénin n’est pas le seul pays du continent à prendre des mesures contre les boissons alcoolisées en sachet. D’autres nations africaines, à l’instar du Togo et du Ghana, ont déjà instauré des interdictions semblables. Ces décisions montrent une prise de conscience croissante des enjeux de santé publique et environnementaux liés à ce type de conditionnement.
Les avis divergents
Si cette interdiction est largement saluée par les organisations de santé et les défenseurs de l’environnement, elle suscite aussi des critiques. Certains estiment que cette mesure ne s’attaque pas aux véritables causes de la consommation excessive d’alcool, liées souvent aux conditions de vie précaires et au manque de perspectives.
Le débat pourrait donc se prolonger, incitant le gouvernement à poursuivre ses efforts de dialogue et d’adaptation des politiques publiques afin de trouver des solutions durables et inclusives.
Ouvrant la voie à des pratiques commerciales plus responsables et à une amélioration des conditions de vie des Béninois, cet arrêté gouvernemental appelle à une réflexion sur notre rapport aux produits de consommation. La société béninoise est-elle prête pour ce changement profond ?
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