Le football a été la première scène de tensions entre l’Algérie et le Maroc, mais aujourd’hui, un vêtement traditionnel enflamme les relations entre les deux nations : le Caftan.
Les tensions entre l’Algérie et le Maroc, deux pays voisins et historiquement en conflit, ont trouvé une nouvelle arène où s’exprimer : la mode traditionnelle. Après des affrontements sur les terrains de football, c’est désormais autour du Caftan, une tunique emblématique du Maghreb, que se cristallisent les rivalités. Cette querelle vestimentaire en dit long sur la profondeur des relations complexes entre Alger et Rabat.
Tensions autour du Caftan
En 2023, l’Algérie a fait un pas vers la reconnaissance internationale de ses traditions en tentant d’inscrire la Gandoura et la Mlehfa auprès de l’UNESCO. Cette démarche n’a pas été bien accueillie au Maroc, qui a vu dans cette initiative un acte d’appropriation culturelle. Rabat a réagi promptement en déposant une plainte contre Alger auprès de l’UNESCO, l’accusant de vouloir s’approprier l’origine et l’utilisation du Caftan.
Pour comprendre l’ampleur de cette querelle, il faut savoir que le Caftan est bien plus qu’un simple vêtement. Dans les deux pays, il est porté lors de grandes cérémonies comme les mariages et les fêtes nationales. C’est un symbole de fierté culturelle, de tradition et d’appartenance. La querelle sur le terrain vestimentaire apparaît alors comme un nouveau chapitre dans un long feuilleton de disputes politiques et historiques.
La Foire de Paris, entre controverse et diplomatie
La polémique autour du Caftan a pris une tournure internationale à la Foire de Paris 2024. Lors de cette foire, la couturière algérienne Lina Boussahi a failli voir son stand fermé sous la pression de quelques personnes. Son stand exposait des Caftans, symboles d’une tradition revendiquée par les deux nations. Malgré cette tentative de fermeture, le stand est resté ouvert, alimentant la
tension entre les participants algériens et marocains.
Cet incident montre que les querelles culturelles entre les deux pays ne se limitent pas aux sphères politiques et internationales. Elles trouvent également un écho parmi les artisans et les citoyens, exacerbant le sentiment nationaliste et alimentant une rivalité toujours plus vive.
L’Algérie, prête à se défendre
Face à l’accusation marocaine et la menace d’une procédure de l’UNESCO, l’Algérie se montre intransigeante. Les autorités algériennes, exaspérées par la démarche marocaine, ont affirmé qu’elles ne se laisseraient pas faire. Bien que l’ouverture d’une procédure par l’UNESCO soit, selon certains experts, plutôt improbable, Alger se prépare à défendre vigoureusement sa position si jamais cela devait arriver.
Pour l’Algérie, l’insistance du Maroc à revendiquer le Caftan apparaît comme une tentative de saper ses efforts de promotion culturelle. Alger entend prouver que les accusations marocaines sont infondées et que le Caftan, tel qu’il est porté et fabriqué en Algérie, fait partie intégrante de son patrimoine.
Vers une escalade diplomatique ?
Alors que les relations entre les deux pays semblent de plus en plus tendues, cette querelle vestimentaire pourrait bien avoir des répercussions diplomatiques. L’inscription d’éléments culturels au patrimoine mondial de l’UNESCO n’est pas seulement un acte de protection culturelle. C’est aussi une reconnaissance internationale susceptible de renforcer la fierté nationale et le soft power d’un pays.
Ainsi, en revendiquant le Caftan, les deux pays ne cherchent pas seulement à protéger un patrimoine culturel, mais aussi à asseoir leur influence et leur prestige sur la scène internationale. La question demeure : cette querelle vestimentaire mènera-t-elle à des discussions apaisées ou ouvrira-t-elle la porte à de nouvelles tensions ?
À travers cette querelle symbolique, c’est un héritage commun qui risque de se retrouver morcelé. Comment les deux nations peuvent-elles transformer ce conflit en une opportunité de dialogue et de coopération ? La réponse à cette question pourrait bien déterminer l’avenir des relations entre l’Algérie et le Maroc.
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