La prolifération des drones de surveillance et de combat en Afrique soulève des questions pressantes sur les droits humains et la sécurité régionale.
Une adoption massive des drones
L’Afrique est en passe de devenir le nouveau théâtre d’opération des drones militaires. Tandis que l’attention médiatique mondiale est captivée par leur usage en Ukraine et au Moyen-Orient, le continent africain voit une adoption rapide et généralisée de ces technologies. De la surveillance à l’attaque, en passant par l’alerte précoce, les drones redéfinissent les stratégies de sécurité des États africains.
Une prolifération alarmante
En mars 2024, pas moins de vingt-quatre pays africains ont opté pour l’acquisition de drones militaires. Ces acquisitions concernent des nations de l’Afrique du Nord comme le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, l’Égypte et la Libye, ainsi que des pays du Sahel comme le Sénégal et le Soudan. L’Est de l’Afrique, incluant le Kenya et le Rwanda, ainsi que les états du golfe de Guinée et de l’Afrique australe suivent la même tendance.
Les principaux fournisseurs
Les drones militaires utilisés par les États africains proviennent majoritairement de Turquie et de Chine. Ces deux nations se sont imposées comme les leaders de ce marché, offrant des appareils performants comme le CH-3, le TB2 et l’AUAV Wing Loong. La présence de drones originaires d’Iran et des Émirats arabes unis est également notable. Néanmoins, les gouvernements africains n’ont pas coupé les ponts avec leurs partenaires traditionnels et continuent de collaborer avec les pays de l’Union européenne et les États-Unis pour l’achat de drones non armés.
Risques et implications pour les droits humains
Le recours massif aux drones pour des opérations militaires et de surveillance soulève de sérieuses préoccupations en matière de droits humains. Les erreurs d’interprétation des données et les formations insuffisantes des opérateurs sont des réalités omniprésentes. L’utilisation des drones dans des campagnes anti-insurrectionnelles entraînent des risques accrus de violations des droits humains et de mise en place d’États de surveillance renforcés, où le pouvoir gouvernemental s’affirme davantage.
La course à l’armement
La course aux drones entre la Turquie et la Chine pour dominer le marché africain pourrait engendrer une militarisation accrue du continent. L’augmentation des ventes de drones armés reflète une tendance significative : de nombreux pays africains estiment essentiel de disposer de cette technologie pour contrer les menaces internes et externes. Cependant, cette augmentation s’accompagne d’une prise de conscience critique des conséquences de tels achats.
Montée en puissance des insurrections
Non seulement les États s’équipent en drones, mais des groupes armés non étatiques investissent également dans ces technologies. La facilité d’accès et le coût relativement bas de ces dispositifs permettent à des insurrections de taille moyenne de se doter de moyens technologiques sophistiqués, bouleversant ainsi le paysage sécuritaire régional.
Enjeux juridiques et éthiques
La législation en matière d’utilisation des drones varie considérablement d’un pays à l’autre. Les cadres juridiques fluctuants posent un défi majeur pour la régulation de cette nouvelle forme de guerre. La communauté Internationale et les organisations des droits humains sont tenues de répondre à ces nouvelles réalités par des normes globales et des contrôles rigoureux.
Les questions en suspens
La place croissante des drones dans les stratégies militaires africaines pose des questions non résolues. Comment les États africains peuvent-ils s’assurer que l’utilisation de ces nouvelles technologies n’empiète pas sur les droits fondamentaux de leurs citoyens ? Quelle sera l’impact à long terme de cette militarisation accrue sur la stabilité politique du continent ? L’Afrique parviendra-t-elle à définir des règles d’engagement claires pour limiter les abus potentiels de ces nouveaux outils de guerre ?
Alors que l’Afrique continue de s’armer de drones, il est crucial d’évaluer l’équilibre entre les avantages sécuritaires et les risques pour les droits humains. Quelle sera la prochaine étape dans cette course technologique et quelles en seront les véritables répercussions sur la vie des citoyens africains ?