La pêche illicite au Cameroun soulève des inquiétudes majeures sur la viabilité de l’industrie. Face au défi de se défaire du « carton rouge » de l’Union européenne, le secteur peine à trouver des solutions durables.
Conséquences de l’interdiction européenne
La côte camerounaise a connu une activité de pêche prospère jusqu’à la récente interdiction de l’UE ciblant les produits de la mer locaux. Le navire battant pavillon camerounais suspecté de pêche illicite a précipité cette sanction, qui a exposé l’insuffisance réglementaire du secteur de la pêche dans le pays. Le manque d’exportations vers l’Europe a perturbé fortement la dynamique économique s’enracinant entre les deux régions.
Selon Louis Martin Imoulanok, président de la plateforme crevettes du Cameroun, certains opérateurs seraient découragés, « Certains ne venaient au Cameroun que pour faire de l’exportation des crevettes. Et quand ils ne peuvent pas exporter, ils sont obligés d’aller voir ailleurs. »
Les propositions pour une reprise du secteur
Afin de refaçonner et redynamiser cette industrie défaillante, des propositions ont émergé. Prête à être mise à jour, l’ancienne loi sur la pêche au Cameroun de 1994 pourrait être remplacée par une loi plus spécifique et moderne. De plus, l’amélioration des conditions sanitaires ainsi que la labellisation de la crevette camerounaise sont également envisagées.
En outre, l’immatriculation des navires pratiquant la pêche illicite, qui est une exigence majeure de l’UE, est sous surveillance. « Il a été décidé de suspendre toute immatriculation des navires de pêche au Cameroun, jusqu’à nouvel avis » a annoncé Badai Elie, chef de la brigade du contrôle et surveillance des activités de pêche.
Un foyer pour les navires illégaux
Il est de notoriété publique que le Cameroun enregistre les bateaux étrangers sans scruter minutieusement leurs antécédents. Cela a contribué à la création d’une image de refuge pour les navires peu enclins à respecter une pêche durable. Aristide Takoukam Kamla, président de l’AMMCO, insiste sur la nécessité pour le Cameroun de se débarrasser de cette réputation de complaisance.
Intensifier le contrôle des activités de la pêche
Les autorités sont instamment invitées à renforcer les mécanismes de contrôle des activités de la pêche. Badai Elie pointe du doigt les textes existants : « Nos textes sont faibles, les sanctions ne sont pas à la hauteur des normes internationales. Les moyens de déploiement notamment les vedettes de surveillance sont obsolètes, il faut les réhabiliter. »
Avec l’apparition de nouvelles technologies, la surveillance s’étend également au numérique. Les équipements de surveillance satellitaires et de radars du Cameroun ayant été piratés, un nouveau système de suivi est prévu pour la fin de l’année. La question se pose alors : le Cameroun pourra-t-il surmonter les défis actuels et s’adapter aux normes internationales pour garantir une pêche durable ?