L’Afrique pourrait connaître un déficit considérable de personnel de santé d’ici 2030, avec un besoin estimé à 6,1 millions de professionnels pour combler le vide, alerte le CDC Afrique.
Avertissement du CDC Afrique
En marge du « Forum sur l’investissement dans le personnel de santé en Afrique », qui s’est tenu récemment à Windhoek, la capitale de la Namibie, les acteurs du domaine de la santé ont souligné le déficit de personnel de santé sur le continent. D’ici 2030, l’Afrique pourrait manquer de plus de 6,1 millions de professionnels de santé. Le Directeur général du CDC Afrique, Jean Kaseya, met en garde contre les conséquences d’un tel manque. « La grave pénurie de personnel de santé en Afrique a exacerbé les impacts des urgences de santé publique récurrentes sur le continent », a-t-il déclaré lors de l’événement.
Impacts économiques et sanitaires
Le déficit de personnel de santé peut être dévastateur, non seulement sur le plan sanitaire, mais aussi économiquement. Selon M. Kaseya, il existe une corrélation forte entre l’investissement dans le personnel de santé et le développement économique. « L’Afrique n’opérera aucun progrès économique significatif si nous ne disposons pas d’un personnel de santé approprié », a-t-il averti. En dépit des défis, une particularité frappante de l’Afrique subsaharienne est qu’elle ne représente que 3% du personnel de santé mondial, alors qu’elle compte environ 24% du fardeau global des maladies.
Un défi imposé par les épidémies
Le CDC Afrique, organe clé de l’Union Africaine (UA) en matière de projection sanitaire, précise que le continent a connu 166 épidémies en 2023, une tendance qui devrait se maintenir. Ce contexte impose encore davantage la nécessité de renforcer le personnel de santé. Le déficit éventuel de 6,1 millions d’individus pourrait en effet entraver la réactivité du continent face à ces nombreuses épidémies.
Une invitation à l’action de l’Union Africaine
Face à ces prévisions préoccupantes, l’Union Africaine appelle depuis 2017 les pays africains à intensifier leurs efforts. Il est crucial d’accélérer la « formation et le déploiement sans délai de deux millions d’agents de santé communautaires institutionnalisés d’ici à 2030 ». Cette échéance correspond à celle des Objectifs de développement durable (ODD) fixés par l’ONU en 2015.
Mettre en place les moyens nécessaires à une meilleure formation et au déploiement du personnel de santé est donc une priorité majeure. Ce déficit, s’il n’est pas comblé, pourrait compromettre bien plus que la santé des populations. Il est donc plus que jamais nécessaire de prendre la mesure de l’importance du personnel de santé en Afrique. Face à la récurrence des épidémies, peut-on envisager une Afrique suffisamment armée pour faire face à ces défis de 2030 sans un investissement renforcé dans le personnel de santé ?
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