Depuis le début de la brutale répression israélienne dans la bande de Gaza, l’indignation grandit contre les entreprises françaises implantées dans les territoires palestiniens occupés. Carrefour, victime d’une campagne de boycott conduite par le mouvement BDS, n’en fait pas partie, selon la liste officielle des Nations Unies.
Une centaine d’entreprises implantées dans les territoires palestiniens occupés … mais pas Carrefour
Les territoires palestiniens occupés sont les zones illégalement détenues par l’armée israélienne en Palestine. La présence des forces israéliennes y est jugée, selon une résolution du 6 mai 2004, totalement illégale par l’Assemblée générale des Nations Unies. De nombreuses entreprises israéliennes, mais aussi occidentales ou asiatiques, y opèrent actuellement et font l’objet de vastes campagnes de boycott par des groupes militants de soutien à la cause palestinienne, dans les pays arabes, en Europe, mais aussi aux États-Unis.
En 2020, le Haut Comité des Droits de l’Homme (HCDC) de l’ONU a publié une liste officielle de 112 entreprises, qui auraient « directement et indirectement, permis, facilité et profité de la construction et de la croissance des colonies ». Sous la pression de cette liste, plusieurs entreprises ont mis un terme à leur activité dans les territoires occupés et une quinzaine d’entre elles ont ainsi été retirées de la liste en juillet 2022. Parmi les entreprises restantes, une écrasante majorité d’israéliennes, quelques américaines et uniquement deux groupes français. Carrefour, le géant français de la grande distribution, en est totalement absente. Tant dans la liste de 2020, que celle de 2022.
Le groupe Carrefour dans l’œil du cyclone à cause d’une photo Instagram…
Dès lors, pourquoi le groupe est-il au cœur des polémiques ? Car un salarié d’un franchisé du groupe en Israël a, sur Instagram, publié une photo de lui en train de distribuer gratuitement de la nourriture à des soldats de Tsahal, l’armée israélienne. Avec un message de soutien à la politique menée par le pays. Une initiative immédiatement désavouée par Carrefour qui affirme n’avoir jamais accordé la moindre autorisation à cette distribution et que le groupe a immédiatement condamnée. Un soutien qui aurait d’ailleurs été absurde, selon Matthieu Anquez pour la revue Conflits, qui rappelle que « le distributeur est implanté dans de nombreux pays musulmans ».
Quant à la présence supposée de Carrefour dans les territoires palestiniens occupés, elle relèverait là encore de l’incompréhension. Selon le journaliste français Gabriel Robin, pour le média Atlantico : « Accusé d’exploiter des magasins dans les colonies en Cisjordanie – Judée Samarie, Carrefour ne possède pourtant de magasins sous son nom propre qu’à l’intérieur des frontières israéliennes telles que reconnues officiellement par la France ». Pire, le groupe a même été ouvertement attaqué par le député israélien d’extrême-droite Danny Danon, pour s’être officiellement engagé à ne pas ouvrir de magasins en Cisjordanie occupée. Ni soutien à l’armée israélienne, ni présence dans les territoires palestiniens occupés donc, pour le groupe Carrefour.
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