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Le retour du loup en France suscite des inquiétudes croissantes parmi les éleveurs, qui cherchent des solutions pour protéger leurs troupeaux. Dans le Maine-et-Loire, certains adoptent une méthode ancienne mais efficace, en employant des ânes comme gardiens. Cette pratique, autrefois courante, attire aujourd’hui l’attention des chercheurs souhaitant évaluer son efficacité contre les prédateurs. Tandis que les chiens de protection sont largement utilisés, l’âne, avec sa robustesse et son aversion naturelle pour les canidés, représente une alternative intéressante. Mais quelles sont les véritables implications de cette méthode pour les éleveurs, et comment ces protecteurs à quatre pattes s’intègrent-ils dans le paysage moderne de l’élevage ?
L’âne, un protecteur inattendu des troupeaux
À Chemillé-en-Anjou, un couple d’éleveurs a fait le choix original d’employer Kastafiore, une ânesse baudet du Poitou, pour veiller sur ses moutons. Cette ânesse n’est pas là pour le simple plaisir de la compagnie : elle joue un rôle crucial en éloignant les prédateurs comme les chiens errants, les renards et même les loups, dont la présence a été confirmée dans la région. Les ânes possèdent une aversion naturelle pour les canidés et défendent activement leur territoire, explique Benoît Huntzinger, l’éleveur qui a repris la ferme des Blottières avec sa compagne Marine. Ancien banquier, Benoît souligne que cette approche n’est pas seulement innovante, mais aussi efficace. Lors d’un changement de champ, Kastafiore a réussi à repousser un renard, démontrant ainsi son utilité incontestable.
L’âne contre le loup : un choix réfléchi
Alors que beaucoup d’éleveurs choisissent les chiens de protection, Benoît et Marine misent sur Kastafiore. Elle partage la nourriture des moutons, ce qui simplifie considérablement son entretien. Elle mange la même chose que les moutons et peut vivre jusqu’à 30 ans, précise Benoît, qui apprécie cette simplicité. Bien que Kastafiore ne soit pas infaillible, elle contribue à un système de défense économiquement viable, tout en limitant les pertes. Leur ferme attire l’intérêt d’autres éleveurs, désireux de découvrir cette méthode alternative. Malgré les défis persistants posés par les loups, les résultats obtenus par Benoît et Marine sont encourageants, montrant que l’emploi des ânes est une option viable.
La recherche scientifique derrière cette pratique
L’idée d’utiliser des ânes comme protecteurs de troupeaux n’est pas nouvelle, mais elle n’avait pas été étudiée depuis longtemps. Des chercheurs de l’université de Limoges, dans le cadre du programme « Relions-nous » financé par le CNRS, examinent les interactions entre animaux auxiliaires et prédateurs. Leur but est de rétablir des équilibres écologiques en réintroduisant des pratiques pastorales anciennes. Dominique Taurisson-Mouret, historienne spécialisée dans le pastoralisme, explique que l’âne a toujours été un compagnon des troupeaux, et qu’il pourrait bien être un protecteur naturel des moutons. Ce programme explore comment réintégrer l’âne dans les systèmes agricoles, aujourd’hui dominés par la mécanisation.
Les défis et les succès de l’âne protecteur
L’utilisation de l’âne comme gardien de troupeau suscite un intérêt croissant, même si elle n’est pas encore généralisée. Aux États-Unis, au Canada et en Australie, cette pratique est plus courante, bien que les recherches soient encore limitées. En France, des éleveurs comme Fabienne Castetbieilh, qui possède des ânes et des moutons, voient un grand potentiel dans l’âne protecteur. Après qu’un chien errant ait tué plusieurs de ses brebis, elle a constaté une nette amélioration depuis l’introduction de ses ânes. Cependant, elle avertit que tous les ânes ne conviennent pas à cette tâche, certains pouvant être distraits et d’autres, plus concentrés, excellant dans leur mission de protection.
Une évolution nécessaire dans le soutien aux éleveurs
Les demandes pour des ânes de protection augmentent, mais le système de financement reste inadapté. Contrairement aux chiens de protection, l’acquisition d’un âne n’est pas subventionnée par l’État, ce qui pose problème dans un contexte où la menace des prédateurs s’intensifie. La députée Stella Dupont milite pour une reconnaissance officielle de l’âne comme protecteur. Elle souligne que les chiens ne sont pas la seule solution viable et que les ânes ont aussi leur place. En attendant des mesures durables, des éleveurs comme Fabienne et Benoît continuent de sélectionner des ânes pour protéger leurs troupeaux. Cette approche pourrait bien renouveler le rôle de l’âne dans l’agriculture et promouvoir une cohabitation harmonieuse avec la nature.
Alors que les défis de la prédation persistent, la réintroduction d’ânes comme protecteurs des troupeaux pourrait bien marquer un tournant dans l’agriculture moderne. Les éleveurs et les chercheurs s’interrogent sur les meilleures méthodes pour intégrer ces animaux dans les pratiques actuelles. Peut-on imaginer un futur où l’âne deviendrait un pilier de la protection des troupeaux, aux côtés des chiens, et comment cela transformerait-il notre approche de l’élevage ?
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Je trouve ça génial que les ânes puissent protéger les troupeaux ! Qui aurait cru ? 🐴
Est-ce que l’âne peut vraiment être aussi efficace qu’un chien de garde ? 🤔
Merci pour cet article intéressant, je ne savais pas que les ânes avaient une aversion naturelle pour les canidés.
C’est une idée brillante de revenir à des méthodes anciennes pour résoudre des problèmes modernes !
Je me demande combien d’ânes il faudrait pour protéger un grand troupeau ?
Les ânes sont-ils vraiment si dissuasifs pour les loups, ou est-ce une exagération ?
Pourquoi l’État ne subventionne-t-il pas l’achat d’ânes, comme il le fait pour les chiens ? 🙄
J’adore l’idée d’utiliser Kastafiore comme gardienne du troupeau, c’est tellement original ! 😊