EN BREF
  • 🔋 Le Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne est sur le point de devenir la plus grande centrale hydroélectrique d’Afrique.
  • 💰 Avec un coût de 5 milliards de dollars, il promet de transformer l’économie éthiopienne grâce à l’exportation d’énergie.
  • 🌍 Le projet suscite des tensions géopolitiques, notamment avec l’Égypte, en raison des préoccupations sur la sécurité de l’eau.
  • 🔧 Des techniques d’ingénierie avancées ont été utilisées pour surmonter les défis géologiques du site.

La construction du Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD) sur le Nil Bleu représente un tournant majeur pour l’Éthiopie et le continent africain. Ce projet ambitieux, qui s’impose comme la plus grande centrale hydroélectrique d’Afrique, est une prouesse d’ingénierie qui suscite à la fois admiration et controverse. En effet, si ce barrage promet d’être un moteur de croissance économique pour l’Éthiopie grâce à sa capacité de production d’énergie, il est également au cœur de tensions géopolitiques avec les pays en aval, notamment l’Égypte et le Soudan. Ces tensions résultent des préoccupations autour de la sécurité de l’eau et des impacts économiques potentiels sur ces nations.

Les phases de construction du GERD de l’Éthiopie

L’histoire du Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne commence en 2008, lorsque l’Éthiopie annonce son intention de construire un barrage massif sur le Nil Bleu. Cette initiative marque le début d’une série d’étapes essentielles dans le développement de ce projet colossal.

En 2009, l’Éthiopie réalise des études de faisabilité et des évaluations d’impact environnemental pour s’assurer de la viabilité du projet. L’année suivante, elle sécurise le financement nécessaire, principalement auprès de sources domestiques. La construction du barrage commence en 2011 avec la pose des fondations.

En 2013, le barrage atteint sa capacité maximale, et en 2015, la première turbine est installée, permettant la génération d’électricité. La deuxième phase de construction, en 2018, augmente la capacité de production du barrage. Enfin, en 2020, le GERD atteint sa pleine capacité de 6 450 mégawatts, et le projet est officiellement achevé en 2022. Ce développement progressif témoigne de l’engagement de l’Éthiopie à réaliser ce projet malgré les défis logistiques et politiques.

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Exploits architecturaux et obstacles techniques

Le GERD est un chef-d’œuvre d’ingénierie moderne. Dominant le Nil Bleu, il se caractérise par une structure principale en béton compacté au rouleau qui s’élève à environ 155 mètres de hauteur et s’étend sur 1 780 mètres de longueur. Cette structure impressionnante est conçue pour contenir jusqu’à 74 milliards de mètres cubes d’eau, couvrant une superficie de 1 874 kilomètres carrés au niveau de remplissage complet.

La construction du barrage a nécessité l’utilisation de techniques avancées pour surmonter des défis géologiques complexes, notamment au sein du système de Rift est-africain. Des principes d’ingénierie sismique sophistiqués ont été appliqués pour assurer que le barrage résiste à l’activité sismique. Ces efforts incluent des techniques comme l’isolement de base, qui permet de découpler le barrage des mouvements du sol en cas de séisme.

Le GERD intègre également un système de déversoir complexe pour gérer les extrêmes hydrologiques du Nil Bleu, avec un déversoir principal équipé de six vannes radiales pour contrôler les crues probables. Cette sophistication technique fait du GERD un projet à la pointe de la technologie hydroélectrique mondiale.

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Implications régionales et sociopolitiques

L’impact du GERD s’étend bien au-delà des frontières éthiopiennes, affectant directement ses relations avec l’Égypte et le Soudan. En 2010, plusieurs pays de la région, dont l’Éthiopie, ont signé l’accord-cadre de coopération pour redistribuer les droits sur l’eau de manière plus équitable, sans l’approbation de l’Égypte. Cette dernière, dépendante du Nil pour plus de 90% de ses besoins en eau, voit dans le GERD une menace pour sa sécurité nationale.

L’Égypte craint que toute réduction du débit du Nil, même minime, n’aggrave ses problèmes de pénurie d’eau déjà critiques. Le Soudan, quant à lui, perçoit le barrage à la fois comme une opportunité et une menace. Bien que le GERD puisse améliorer l’approvisionnement en énergie et les capacités d’irrigation, il soulève des inquiétudes quant à la gestion non réglementée du barrage, susceptible de provoquer des inondations dans des zones vulnérables.

L’Éthiopie, de son côté, défend son droit d’utiliser le Nil Bleu, soulignant que plus de 85% de l’eau du Nil provient de ses hauts plateaux. Le pays maintient que le GERD servira principalement à la production d’énergie, sans réduire de manière significative le débit d’eau vers l’Égypte ou le Soudan.

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Préoccupations économiques et environnementales

Le GERD promet de transformer l’économie éthiopienne en faisant du pays le plus grand exportateur d’électricité d’Afrique. Avec une capacité de production attendue de 6 450 mégawatts, le barrage pourrait générer environ 2 milliards de dollars annuellement grâce à l’exportation d’électricité vers des pays voisins tels que le Soudan et Djibouti. Cette source de revenus devrait stimuler considérablement le PIB de l’Éthiopie et réduire la pauvreté.

Cependant, ce projet soulève d’importantes préoccupations écologiques. Le réservoir du GERD, couvrant 1 874 kilomètres carrés et contenant 74 milliards de mètres cubes d’eau, perdra environ 3 milliards de mètres cubes par an à cause de l’évaporation. Ces pertes pourraient encore réduire la disponibilité de l’eau dans les pays en aval.

La régulation des crues saisonnières par le barrage pourrait également perturber le dépôt naturel de limon riche en nutriments en Égypte et au Soudan, impactant la productivité agricole. Ainsi, bien que le GERD offre des avantages économiques significatifs pour l’Éthiopie, il pose des défis environnementaux à l’échelle régionale.

Alors que le GERD continue de façonner le paysage géopolitique de l’Afrique, une question demeure : comment l’Éthiopie et ses voisins parviendront-ils à équilibrer leurs intérêts divergents pour assurer une utilisation durable et équitable du Nil ?

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Émile Faucher, journaliste passionné par le dynamisme du continent africain et ses nombreuses opportunités, apporte son expertise à AfriqueEnLigne.fr. Diplômé d'une grande école de journalisme à Lille, il associe une analyse pointue à un réel intérêt pour les initiatives qui transforment l'Afrique. Installé à Lille, Émile s’attache à mettre en lumière les projets innovants, les talents émergents et les évolutions économiques qui façonnent l’avenir du continent.Contact : [email protected]

11 commentaires
  1. Si l’Éthiopie devient un exportateur majeur d’électricité, cela pourrait transformer l’économie africaine. 🌍⚡

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