EN BREF
  • 🍽️ Le cannibalisme funéraire était pratiqué par le peuple Fore pour honorer les défunts en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
  • Le kuru, ou « maladie du rire », provoquait des symptômes sévères et était causé par des prions.
  • Les femmes et les enfants étaient les plus touchés, en raison de leur consommation de tissus cérébraux lors des rites.
  • Grâce à des recherches innovantes, le kuru a permis d’importantes avancées dans la compréhension des maladies neurodégénératives.

Le cannibalisme est une pratique humaine qui, bien que rare aujourd’hui, a existé sous diverses formes à travers l’histoire. Il a été pratiqué pour des raisons spirituelles, sociales ou alimentaires, et dans des contextes aussi variés que les rituels funéraires ou la survie en temps de famine. L’un des exemples les plus notoires est celui du peuple Fore en Papouasie-Nouvelle-Guinée, dont la coutume d’endocannibalisme funéraire a conduit à la propagation du kuru, une maladie neurologique rare et mortelle. Cette maladie a décimé des villages entiers au cours du XXe siècle, avant que la disparition progressive du cannibalisme funéraire ne permette son déclin.

Le cannibalisme funéraire en Papouasie-Nouvelle-Guinée

Dans les Hautes-Terres de Papouasie-Nouvelle-Guinée, le peuple Fore pratiquait le cannibalisme funéraire pour honorer les défunts. Cette coutume visait à transmettre la force et l’esprit des morts aux vivants en consommant leur chair. Dans ces rituels, les femmes et les enfants ingéraient les organes des proches disparus, notamment le cerveau, tandis que les hommes se réservaient les parties musculaires. Ce mode de vie, profondément ancré dans les croyances culturelles locales, a cependant semé les graines d’une catastrophe sanitaire.

Le cannibalisme funéraire, bien qu’initialement un hommage aux morts, devint le vecteur d’une maladie mystérieuse et dévastatrice. Les symptômes de cette maladie, le kuru, étaient aussi effrayants qu’inexpliqués, affectant principalement les femmes et les enfants. Cette infection a suscité l’inquiétude des autorités sanitaires et des chercheurs, déclenchant une course pour découvrir ses origines et protéger les populations vulnérables.

Communautés affectées par le kuru

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Les premières manifestations du kuru

Le terme « kuru » signifie « trembler » ou « frissonner » dans la langue locale, un nom révélateur de ses symptômes débilitants. Identifiée pour la première fois dans les années 1950, cette maladie progressive affectait la coordination, causait des tremblements incontrôlables et entraînait une détérioration cognitive sévère. À mesure que la maladie progressait, les patients perdaient la capacité de marcher, de parler normalement et même d’avaler.

L’un des aspects les plus tragiques du kuru était l’apparition de rires incontrôlables, d’où son surnom de « maladie du rire ». Ces rires, loin d’être joyeux, étaient le signe d’une dégénérescence neurologique avancée. La maladie conduisait à la mort dans les deux ans suivant l’apparition des symptômes, souvent en raison de complications liées à l’extrême faiblesse des patients, à des pneumonies ou à des infections. Les femmes et les enfants, consommant plus de tissus cérébraux, étaient les plus touchés, subissant une charge infectieuse bien plus élevée que les hommes.

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Qu’est-ce qui causait ces maux ?

Après des années de recherches, le neurologue américain Carleton Gajdusek et son équipe ont déterminé que le kuru était causé par des prions, des agents pathogènes mal conformés qui provoquent des encéphalopathies spongiformes. Ces protéines anormales s’accumulent dans le cerveau, détruisant progressivement les neurones. Malheureusement, aucune cure ne pouvait être mise en place, car les atteintes cérébrales provoquées par les prions sont irréversibles.

Personne atteinte de la maladie du rire, le kuru

Le kuru appartient à la même famille de maladies que la maladie de Creutzfeldt-Jakob et l’encéphalopathie spongiforme bovine, connue sous le nom de maladie de la vache folle. Ces maladies se transmettent par l’ingestion de tissus contaminés. Bien que des soins palliatifs puissent être apportés pour soulager les symptômes, la nature irréversible de ces maladies à prions pose un défi important à la médecine moderne.

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Le kuru existe-t-il encore et quel est le nombre de victimes estimées ?

Les efforts conjugués des scientifiques et des autorités ont conduit à l’interdiction du cannibalisme funéraire dans les années 1950-1960. Cette interdiction a permis une lente disparition du kuru. Entre les années 1920 et 1970, l’épidémie de kuru aurait fait environ 2 700 victimes, principalement parmi le peuple Fore. Cependant, en raison de la longue période d’incubation de la maladie, qui peut s’étendre de cinq à cinquante ans, des cas isolés ont été signalés jusqu’en 2004.

Cerveau d'une victime du kuru

Le kuru a non seulement marqué l’histoire médicale par sa singularité, mais il a également permis des avancées significatives dans la compréhension des maladies à prions et des mécanismes neurodégénératifs. Pour ses travaux pionniers, Carleton Gajdusek a reçu le prix Nobel de médecine en 1976. Aujourd’hui, bien que le kuru ait pratiquement disparu, son étude continue d’éclairer le domaine complexe des maladies neurodégénératives.

Les pratiques culturelles peuvent jouer un rôle clé dans la propagation de maladies, comme le montre l’histoire du kuru. Cependant, elles peuvent également être des leviers de changement et d’innovation médicale. Comment ces traditions et croyances ancestrales peuvent-elles être intégrées de manière sûre et respectueuse dans notre compréhension moderne de la santé ?

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Moi, c'est Fanja, une fervente défenseur de l'environnement vivant à Madagascar. Chez Afriquenligne.fr, je suis rédacteur de la section politique depuis trois ans, en partie. Mon travail consiste à analyser et à rapporter les impacts de la politique et des faits de société sur notre continent, avec un accent particulier sur les initiatives de développement. Contact : [email protected]

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