Le continent africain a longtemps été considéré comme un puits de carbone, absorbant plus de dioxyde de carbone qu’il n’en émettait. Cependant, des évolutions récentes montrent une inversion préoccupante de cette tendance. Désormais, l’Afrique émet plus de gaz à effet de serre qu’elle n’en absorbe, avec une contribution notable de l’agriculture, atteignant 40 % des émissions mondiales dans ce secteur.
Les causes de l’augmentation des émissions de carbone
Pour comprendre cette mutation, une équipe de chercheurs du programme Futures Ecosystems for Africa, basée à l’université de Witwatersrand en Afrique du Sud, a scruté les données entre 2010 et 2019. Ils ont étudié les principales sources potentielles de carbone, comme l’agriculture et les émissions de combustibles fossiles. Cette étude a révélé que l’Afrique contribue désormais entre 3 et 5 % à la quantité croissante de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère.
L’augmentation des émissions est principalement due à deux facteurs majeurs : la combustion de combustibles fossiles et la transformation des terres. Ces processus sont accentués par les feux de forêt naturels et les émissions de méthane provenant de la vie animale comme les termites.
Les contributions sectorielles et les défis techniques
« L’Afrique représente encore environ 4 % des émissions mondiales de combustibles fossiles, » explique Sally Archibald, chercheuse principale du programme. « Cependant, près de 40 % des émissions mondiales liées à l’utilisation des sols proviennent de ce continent. » Cette situation pousse à une réflexion sur les mesures à prendre pour inverser la tendance.
L’équipe de recherche a élaboré un bilan exhaustif des émissions de GES pour l’Afrique, intégrant des données globales et locales, des modèles basés sur des processus, et des produits de télédétection. Ces méthodes ont permis d’établir des inventaires nationaux précis, reflétant les émissions et absorptions de carbone.
Les implications pour le futur et les stratégies nécessaires
Selon Yolandi Ernst, auteur principal de l’étude, l’augmentation des émissions est directement liée à l’industrialisation et à l’urbanisation rapide de nombreuses régions africaines. « Si nous ne prenons pas des mesures radicales pour réduire nos émissions et augmenter l’absorption du carbone par les forêts et la biomasse, l’Afrique contribuera encore plus à l’avenir, » affirme-t-elle.
Andreas Schwarz Meyer de l’Initiative africaine pour le climat et le développement, souligne également que la mesure de la contribution régionale de l’Afrique aux émissions mondiales reste faible tant historiquement qu’actuellement. Néanmoins, stopper cette tendance sans compromettre le développement régional nécessitera des investissements colossaux provenant de la communauté internationale.
🐜 Émissions naturelles | Feux de forêt, termites et changement climatique |
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📊 Données analysées | De 2010 à 2019, incluant sources locales et globales |
🔬 Méthodologies | Modèles de processus, télédétection, imagerie satellite |
Les chercheurs insistent sur plusieurs éléments clés pour inverser cette tendance inquiétante :
- Investir massivement dans les énergies renouvelables
- Promouvoir une gestion durable des terres agricoles
- Renforcer les politiques de reforestation et de préservation des écosystèmes
Ainsi, il devient impératif de mobiliser des fonds internationaux pour aider les pays africains à financer leur transition écologique. Le _développement durable_ du continent ne pourra se faire qu’avec un soutien financier substantiel et une collaboration internationale étroite.
Finalement, la question demeure : la communauté internationale saura-t-elle répondre aux besoins financiers de l’Afrique pour éviter une catastrophe climatique globale ?