Dans un contexte énergétique mondial en pleine mutation, les récentes découvertes de gaz naturel en Afrique de l’Ouest viennent bouleverser les cartes. Le projet de gazoduc Afrique Atlantique pourrait bien voir sa trajectoire redéfinie par le gisement du Grand Tortue Ahmeyim (GTA), situé à cheval entre le Sénégal et la Mauritanie.
Un gisement prometteur
Le gisement GTA, situé à 115 kilomètres des côtes mauritano-sénégalaises, recèle des réserves impressionnantes de gaz naturel estimées à 450 milliards de mètres cubes. C’est l’équivalent de plusieurs décennies de consommation pour des pays comme le Maroc. L’exploitation de ce gisement par des entreprises comme Kosmos Energy et British Petroleum (BP) débutera d’ici fin 2024.
Cet apport pourrait devenir une ressource clé pour le gazoduc Afrique Atlantique, dont le tracé prévu traverse plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest et pourrait réduire la dépendance au gaz nigérian. Cette nouvelle source d’approvisionnement permettrait d’anticiper et d’éviter les risques géopolitiques associés à une seule origine de gaz.
Des implications géopolitiques majeures
La restructuration potentielle du projet pour intégrer le gaz de GTA changerait radicalement la donne pour les pays impliqués. Le Maroc, en particulier, pourrait tirer parti de cette nouvelle ressource pour renforcer sa position énergétique et stratégique dans la région. De surcroît, l’intégration de nouvelles sources de gaz pourrait rendre le projet plus attractif pour les investisseurs étrangers.
Cependant, cette dynamique n’est pas sans créer des tensions. L’Algérie voit ce développement d’un mauvais œil et promeut son propre projet de gazoduc pour concurrencer le tracé marocain. La fermeture du gazoduc Maghreb-Europe à la fin de 2021 en est une illustration, privant le Maroc de gaz prélevé comme droit de passage.
🚀 | Projet |
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🌍 | Gazoduc Afrique Atlantique |
🇸🇳-🇲🇷 | Gisement GTA |
⚖️ | Enjeux géopolitiques |
💼 | Investissements étrangers |
Le choix du GNL
La décision de BP de privilégier la production de gaz naturel liquéfié (GNL) pour le gisement GTA mérite également une attention particulière. En optant pour cette technologie, BP gagne une flexibilité considérable. Le GNL permet de vendre du gaz sur des marchés variés en Europe, Asie et Amérique du Sud, contrairement à un gazoduc qui restreindrait les destinations possibles.
Les gouvernements mauritanien et sénégalais n’écartent pas l’idée d’injecter le gaz extrait dans le futur gazoduc, sous réserve de rentabilité économique. Cela pourrait devenir une opportunité financière majeure pour ces pays, surtout en tenant compte des investissements massifs déjà engagés.
- Évaluation des réserves gazières
- Calcul de la rentabilité économique
- Projections des investissements à venir
- Considérations géopolitiques
La question reste posée : l’Europe, engagée vers la neutralité climatique d’ici 2050, pourra-t-elle se permettre un tel projet sur le long terme ? Le gaz naturel reste indispensable pour la transition énergétique de l’UE, mais la pression est forte pour passer à des énergies renouvelables et bas carbone.
Les promoteurs du projet de gazoduc doivent donc envisager soigneusement le rôle de ce gazoduc dans le cadre global de la transition énergétique. Ne serait-il pas plus judicieux de prioriser le marché intérieur ouest-africain en plein essor ? Les 13 pays concernés par cette infrastructure pourraient alors profiter pleinement de ces nouvelles ressources énergétiques.
Et au final, une question cruciale demeure : cette infrastructure sera-t-elle suffisamment flexible pour s’adapter aux évolutions rapides du marché énergétique mondial ?