Plus d’une vingtaine de pays africains ont soutenu l’appel mondial à tripler les capacités d’énergies renouvelables et à doubler l’efficacité énergétique d’ici à 2030, lors de la COP28 à Dubaï.
Le potentiel énergétique du continent africain est souvent discuté mais rarement pleinement exploité. À l’occasion de la 28ᵉ conférence mondiale sur le climat (COP28) à Dubaï, plus d’une vingtaine de pays africains ont décidé de passer à l’action. Le samedi 2 décembre, ces nations ont affirmé leur ambition de tripler les capacités en énergies renouvelables et d’améliorer de façon significative l’efficacité énergétique d’ici à 2030.
Déploiement actuel des énergies renouvelables en Afrique
Le continent africain, riche en ressources naturelles, s’est engagé à accroître considérablement sa capacité énergétique installée. Actuellement évaluée à 56 gigawatts, cette capacité devrait atteindre 300 gigawatts d’ici à 2030. Ce bond spectaculaire a été discuté lors du premier sommet africain sur le climat au Kenya en septembre dernier. L’Afrique, qui détient 60 % du potentiel solaire mondial et 40 % des minéraux stratégiques essentiels à la lutte contre le réchauffement climatique, semble prête à mener une révolution énergétique.
Cependant, la situation actuelle demeure paradoxale. Alors que l’Afrique bénéficie d’un énorme potentiel en ressources renouvelables, environ 600 millions de personnes sur le continent n’ont toujours pas accès à l’électricité et un milliard d’individus dépendent encore de la biomasse pour leurs besoins quotidiens comme la cuisson et le chauffage. Ainsi, l’urgence pour l’Afrique est double : pallier l’insuffisance énergétique tout en respectant les enjeux climatiques.
Obstacles à la transition énergétique
Le principal écueil à la transition vers les énergies renouvelables en Afrique reste le manque d’investissements. À ce jour, le continent ne reçoit que 2 % des investissements globaux en énergies propres. Pourtant, les ressources naturelles telles que le solaire, l’éolien ou la géothermie ne manquent pas. Le défi réside surtout dans l’obtention de financements internationaux adéquats et l’accès à la technologie nécessaire.
Cette problématique de financement est cruciale. Les investisseurs hésitent souvent à s’engager en raison de l’instabilité politique et des incertitudes économiques qui caractérisent certains pays africains. De nombreuses régions manquent également d’infrastructures de base, ce qui augmente les coûts des projets énergétiques et rend les retours sur investissements incertains. Toutefois, la stabilité et la transparence des politiques de soutien à l’investissement pourrait changer la donne.
Saut qualitatif vers les énergies renouvelables
Pourtant, des exemples de réussite existent et montrent la voie à suivre. En Éthiopie, le projet hydroélectrique du Grand Barrage de la Renaissance est sur le point de devenir l’une des plus grandes sources d’énergie renouvelable du continent, tandis que le Maroc a développé l’un des plus grands parcs solaires au monde à Ouarzazate. De tels projets démontrent que, avec des investissements appropriés et une gestion efficiente, les énergies renouvelables peuvent transformer le paysage énergétique africain.
La transition énergétique offre aussi une opportunité pour l’innovation. En adoptant dès maintenant des technologies vertes, les pays africains peuvent non seulement répondre à leurs besoins énergétiques, mais également créer des emplois, stimuler une croissance économique durable et améliorer la qualité de vie de millions de personnes.
Priorités pour les années à venir
L’assurance d’une transition énergétique réussie nécessite des politiques claires et une collaboration renforcée entre les gouvernements, le secteur privé et la communauté internationale. Des initiatives telles que le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) ont un rôle crucial à jouer. En finançant les projets d’énergie propre en Afrique, ces initiatives peuvent catalyser des avancées significatives, mais elles doivent être accompagnées de stratégies nationales cohérentes et de cadres réglementaires solides.
D’ici à 2030, les pays africains doivent également se concentrer sur l’amélioration de l’efficacité énergétique. L’adoption de nouvelles technologies et l’optimisation des infrastructures existantes peuvent réduire les pertes d’énergie et garantir une utilisation plus efficace des ressources disponibles.
Le succès de ces initiatives repose également sur un facteur social : la sensibilisation des populations aux avantages des énergies renouvelables. Des campagnes éducatives pourraient encourager une acceptation plus large des technologies vertes et une participation accrue des communautés locales aux projets énergétiques.
Finalement, l’Afrique est face à un moment décisif. Elle a le potentiel de devenir un leader mondial dans les énergies renouvelables, mais cela dépendra de sa capacité à surmonter les obstacles et à mobiliser les ressources nécessaires. Comment le continent relèvera-t-il ce défi crucial pour son avenir énergétique et économique ?