La Société des mines d’Azelik (Somina), détenue majoritairement par des Chinois, se prépare à reprendre l’exploitation d’uranium dans le nord du Niger, après une interruption de dix ans.
Une reprise attendue après une décennie d’arrêt
Le 13 mai dernier, la télévision publique nigérienne Télé Sahel a annoncé que la Société des mines d’Azelik (Somina) envisage de relancer ses activités d’extraction d’uranium. La compagnie avait cessé ses opérations en 2014 en raison de la chute des prix mondiaux du « yellow cake » (uranium concentré). Depuis plusieurs mois, on observe une hausse continue des cours de l’uranium, rendant cette reprise économiquement viable.
Fondée en 2007, la Somina a commencé l’extraction de l’uranium en 2011 dans la région d’Azelik, située à environ 200 kilomètres au sud-ouest d’Arlit, une zone minière historique dominée depuis 50 ans par la compagnie française Orano, anciennement connue sous le nom d’Areva. Cependant, la chute des prix mondiaux avait contraint la compagnie à suspendre ses opérations après seulement trois ans d’activité.
Un contexte économique et géopolitique favorable
Le marché de l’uranium connaît actuellement un rebondissement spectaculaire. Depuis le début de l’année, les cours oscillent entre 90 et 100 dollars par livre, soit cinq fois plus qu’en 2016, lorsque les prix avaient atteint leur plus bas niveau. Plusieurs facteurs contribuent à cette performance, notamment la demande croissante en énergie nucléaire et les tensions géopolitiques.
En juin 2023, le gouvernement nigérien, sous la direction de la Compagnie nationale d’uranium de Chine (CNUC), a signé un protocole d’accord visant à relancer les activités de la Somina. Ce partenariat représente une avancée significative pour le Niger, dont l’exploitation de l’uranium est cruciale pour son économie.
Visite ministérielle et mesures de sécurité
Pour préparer cette reprise, le Colonel Ousmane Abarchi, fraîchement nommé ministre des mines par le régime militaire en place à Niamey, a visité samedi dernier les installations d’Azelik. Lors de cette visite, il a rencontré les responsables chinois et s’est assuré que les mesures de protection contre les risques de contamination radioactive étaient mises en œuvre. Cette démarche souligne l’importance accordée à la sécurité et à l’environnement dans le cadre de cette reprise des activités minières.
Un pays riche en ressources, mais parmi les plus pauvres
Le Niger se place au quatrième rang mondial des producteurs d’uranium. Pourtant, malgré cette richesse en ressources naturelles, le pays figure toujours parmi les plus pauvres de la planète. Depuis qu’il a pris le pouvoir en juillet 2023, le régime militaire a insisté sur la souveraineté nationale, particulièrement dans l’exploitation de ses matières premières. La reprise des activités de la Somina est perçue comme un moyen de renforcer cette souveraineté et de stimuler l’économie nationale.
En parallèle, la compagnie canadienne Global Atomic Corporation a démarré en 2022 l’exploitation d’un nouveau gisement d’uranium à Dasa, situé à 105 kilomètres au sud d’Arlit. D’après le ministère des mines nigérien, ce projet devrait attirer environ 121 milliards de francs CFA, soit 184,4 millions d’euros, en investissements.
Des préoccupations environnementales
Cependant, des incidents récents rappellent les défis environnementaux liés à l’exploitation minière. Début mai, des mines d’or exploitées par une société chinoise dans la région d’Agadez ont été temporairement fermées. Cette décision fait suite à la mort de plusieurs animaux après avoir bu des eaux rejetées par les puits d’exploitation. Cet événement souligne l’importance de la surveillance écologique dans le secteur minier.
La reprise des activités par la Somina pourrait-elle contribuer à une révolution économique et écologique au Niger ?