La promotion de la «cuisson propre» en Afrique est une urgence climatique et sanitaire. La transition vers des modes de cuissons écologiques est freinée par des obstacles économiques et logistiques. L’enjeu est crucial, tant du point de vue climatique que sanitaire.
L’ampleur de la problématique
Aujourd’hui, plus de 2,3 milliards de personnes dans le monde, principalement en Afrique, sont toujours contraintes d’utiliser des combustibles nocifs pour répondre à leurs besoins en matière de cuisson : bois, charbon, fumier séché ou encore autres déchets. L’impact tragique de cette réalité est qu’elle cause chaque année l’équivalent de 3,7 millions de décès. Injustement, les principales victimes de ces méthodes nocives sont les femmes et les enfants, les plus exposés à ces modes de cuissons.
Les initiatives pour une « cuisson propre »
Pour tenter d’inverser cette tendance, l’Agence internationale de l’énergie organise régulièrement des sommets internationaux. Lors du dernier en date, à Paris, 50 pays étaient représentés. Le but de ces réunions est de promouvoir l’adoption de nouvelles méthodes de cuisson, plus respectueuses de l’environnement et de la santé humaine. Fours solaires, réchauds à hydrogène vert ou encore stoves à bioéthanol sont autant d’initiatives testées dans cette optique.
Des innovations comme celle de Aart de Heer, qui propose un réchaud à granulés écologiques, essaient également de s’imposer. Fabriqué à partir de biomasse inutilisée – reste de canne à sucre, sciure de bois ou encore cosses de grains de café – ce réchaud a l’avantage d’être moins polluant. Aart de Heer affirme : « Si on pouvait réussir à concurrencer le charbon, alors on aurait un impact, parce que notre réchaud n’est pas polluant. »
Les défis à relever
Cependant, le passage à une utilisation à grande échelle de ces innovations reste difficile, principalement dû à un manque d’infrastructures et de financements. Ainsi, l’Agence internationale de l’énergie estime que la mise en place de ces solutions requiert 4 milliards de dollars par an supplémentaires d’ici à 2030.
La cuisson avec du charbon ou du bois a de graves conséquences sur la santé et l’environnement. Daniel Wetzel, analyste à l’Agence internationale de l’énergie, signale que l’inhalation de la fumée serait la deuxième cause de décès pour les femmes et les enfants en Afrique, si elle était comptabilisée séparément des autres vecteurs de décès.
Les bénéfices d’un changement de cap
Donner accès à des modes de cuissons propres au plus grand nombre permettrait de réduire d’environ 2,5 millions le nombre de décès prématurés. Cela contribuerait en outre à réduire un des principaux facteurs de la déforestation en Afrique. Daniel Wetzel souligne que cela jouerait favorablement sur les émissions de gaz à effet de serre, et permettrait d’éviter 1,5 milliard de tonnes de CO2 en Afrique d’ici à 2030.
L’essor de la « cuisson propre » en Afrique est donc un enjeu majeur pour l’avenir. Si ces mesures écologiques sont activement promues pour leur aspect environnemental, n’oublions pas que le facteur humain est tout aussi essentiel dans cette perspective d’évolution. Mais comment impliquer davantage les instances internationales nécessaires pour réunir les fonds suffisants à l’adoption de ces nouvelles technologies ?