L’exposition d’œuvres d’art sud-africaines, créées au cours de l’apartheid et exportées à l’étranger, fait son retour à Johannesburg pour marquer trois décennies de la transition du pays vers la démocratie.
Des trésors de l’apartheid retrouvés
Soudainement enlevées de leur terre natale par des visiteurs et des diplomates internationaux, ces inestimables pièces d’art ont été dévoilées à l’ambassade d’Australie à Pretoria. Grâce à l’initiative de cette ambassade, les artistes noirs des townships ont pu exposer leurs œuvres, colorant le monde de leur perception unique de la vie sous le joug de l’apartheid.
De retour sur le sol africain
La fondation Ifa Lethu, qui abrite et a organisé l’exposition, s’est fixée pour mission de rapatrier les artefacts culturels et les œuvres d’art de valeur africaine. À ce jour, elle a réussi à ramener plus de 700 pièces, y compris des œuvres majeures de Gérard Sekoto, un artiste sud-africain décédé à Paris en 1993. De telles initiatives sont également menées dans d’autres pays africains tels que le Bénin et le Nigeria.
Voyage à travers le temps et l’art
L’exposition met en lumière la douleur et l’engagement des artistes de l’époque. L’œuvre non datée de l’éminent artiste et sculpteur sud-africain Dumile Feni, intitulée « Pour les enfants », est notamment exposée. Feni, qui est mort à New York en 1991 sans avoir pu revenir en Afrique du Sud après la fin de l’apartheid, est une des figures marquantes de cette exposition.
Les luttes des artistes de l’apartheid
Ces travaux témoignent des dures conditions d’existence de ces artisans d’un autre temps. Limités dans leur utilisation des matériaux, ils ont souvent opté pour les tirages en noir et blanc. Comme l’explique Michael Selekane, artiste contemporain inclus dans l’exposition, « La peinture était un matériau coûteux à travailler, les conditions étaient difficiles ».
Un hommage à la résilience artistique
Selon Lawrence Lemaoana, autre artiste de l’exposition, cette literature graphique est un hommage à ceux qui ont ouvert la voie, montrant une résilience sans faille face à un contexte difficile et compliqué. Carol Brown, la commissaire de l’exposition, confirme : « À l’époque, l’art des artistes noirs n’était pas considéré comme digne d’exposition. »
Leçons du passé, regard sur l’avenir
Ces œuvres, classées par thème, offrent une importante réflexion sur le paysage sociopolitique de l’Afrique du Sud. « Ces thèmes invitent à la contemplation de l’Afrique du Sud d’aujourd’hui, mais nous permettent également de voir comment le passé influence et façonne le présent—et comment les visions contemporaines peuvent mettre en valeur la modernité de l’art négligé et sous-évalué produit sous le règne de l’Afrique du Sud », précise Carol Brown.
L’exposition est prévue jusqu’au 31 juillet.
Alors que le marteau du commissaire-priseur s’apprête à marquer la fin de cette exposition, le public est invité à se poser une question : comment faire en sorte que ces œuvres, à la fois témoins et victimes d’un passé douloureux, puissent contribuer à la construction d’une Afrique du Sud unie ?
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