Les Maliens seront appelés aux urnes en février 2022 pour voter un nouveau président de la République. Ils auront le choix entre une trentaine de potentiels candidats. Parmi eux, le milliardaire Seydou Coulibaly, le tout puissant patron du Groupe Cira-Mali. S’il a l’argument de la réussite financière avec lui, l’homme d’affaires devra néanmoins faire face à une certaine méfiance de la part de la population malienne. Les raisons à l’origine de ce sentiment ne sont pas infondées.
Un mouvement de soutien à seydou coulibaly
A la suite du soulèvement populaire de juin et juillet 2020, le paysage politique malien s’est complètement recomposé. Les barons de l’ex pouvoir ont été précipitamment mis à la retraite, tandis que d’autres leaders se sont révélés, particulièrement ceux du M5-FRP, mouvement à l’origine de la chute d’Ibrahim Boubacar Keita (IBK). Aussi, les principaux challengers de ce dernier comme Aliou Boubacar Diallo et Moussa Mara sont montés dans les sondages, alors que de nouvelles personnalités se sont découvert un destin présidentiel. C’est le cas du milliardaire Seydou Coulibaly. Il est actuellement le président de CIRA SAS, société qu’il a cofondée en septembre 1991. Le groupe CIRA, considéré comme l’un des leaders de l’ingénierie en Afrique, est présent dans une vingtaine de pays du continent.
Sa probable candidature à la présidentielle de 2022 a été ébruitée dans la presse, en début d’année. Et très vite, le magnat de l’immobilier a assumé ses ambitions. En motivant d’abord la mise en place du mouvement « Benkan » en mars dernier. Présidé par lui-même, ce club de soutiens se compose des plus puissants dirigeants des secteurs publics et privés. Il se veut le rassembleur de tous les Maliens autour des défis de la Nation. Une intention noble alors que le pays est profondément divisé depuis près de dix ans. Pour relever ce challenge, il doit avoir une large base d’électeurs. Quasi impossible pour un parfait inconnu.
Fédérer les principaux partis autour de soi
Seydou Coulibaly a donc eu l’idée d’intégrer un comité de la sous-section de l’ADEMA, parti dont il est un secret militant depuis plusieurs années. Cette adhésion vise à formaliser sa candidature aux primaires de la formation politique. Le milliardaire aurait déjà rencontré certains responsables de l’ADEMA afin d’obtenir leur allégeance. Le patron de CIRA souhaiterait aussi avoir le soutien du Rassemblement pour le Mali (RPM), parti de l’ex président IBK. On pense que ce sera facile pour lui car il y a déjà de bons contacts, depuis le temps où il proposait des ministres à IBK. Pour bien faire les choses, il entreprendrait aussi des manœuvres pour rallier l’URD, troisième parti historique du Mali. En parallèle, il ferait des yeux doux au puissant Imam Dicko (le faiseur de roi) et aux militaires, qui ont actuellement besoin de fonds après la suspension des subventions internationales…
Des marchés problématiques sous IBK
On pense que Seydou Coulibaly utilise son pouvoir financier pour mettre tout le monde à ses pieds. Il obtiendrait des ralliements ici et là, à coups de mallettes. Une manipulation des consciences, selon de nombreux Maliens, qui commencent à se méfier du richissime homme d’affaires. Ils gardent de mauvais souvenirs du régime IBK dans son rapport avec l’argent. Ce pouvoir était champion du détournement de fonds, de la gabegie, des surfacturations, des marchés de gré à gré, etc.
D’ailleurs, le milliardaire malien ne serait pas étranger à cette mauvaise gouvernance. Sous IBK, le groupe CIRA avait le quasi-monopole sur plusieurs secteurs d’activités. Il se voyait attribuer d’office (sans appel d’offres) tous les contrats publics de BTP. L’on a répertorié une dizaine de très gros marchés pour une valeur de plusieurs dizaines de milliards de FCFA. En plus des modalités d’acquisition arbitraires, CIRA serait coupable d’une mauvaise qualité des infrastructures livrées, particulièrement les routes.
Une candidature pas désintéressée ?
Au regard de ce passé récent, on estime que la candidature de Seydou Coulibaly à la prochaine présidentielle est tout, sauf une conviction. En effet, il chercherait à couvrir ses arrières en prenant lui-même le pouvoir. Un autre président pouvant décider de faire des audits sur la gestion des marchés publics sous IBK. Et il risque d’être rattrapé par la justice…Selon les analystes, la candidature de Seydou Coulibaly cache aussi des intérêts financiers. Comme on n’est mieux servi que par soi-même, l’’entrepreneur aurait l’intention de prendre le palais de Koulouba pour attribuer les meilleurs marchés à son groupe.
Et il serait prêt à tout pour arriver à ses fins. Des voix s’élèvent depuis quelques jours pour dénoncer l’instrumentalisation du patronat malien. Comme Patrice Talon au Benin, le PDG de CIRA voudrait se servir de ce très influent cercle pour parvenir à la magistrature suprême. Il a déjà nommé ses pairs à la tête des structures du mouvement « Benkan ». De quoi à décrédibiliser le patronat qui se veut pourtant apolitique.