Le coronavirus est désormais plus meurtrier que le SRAS. Avec un nouveau bilan qui s’établit à 361 morts et plus de 17 000 personnes infectées, le risque de devoir faire face à une épidémie mondialisée inquiète de plus en plus les autorités sanitaires. Symboles de cette inquiétude, les bourses chinoises s’effondrent, perdant presque 9 % à la mi-journée. L’économie chinoise est à l’arrêt et les prévisions de croissance sont à la baisse. Une situation compliquée, qui aura des répercussions bien au-delà les frontières chinoises. L’Afrique, continent en plein développement, dont la Chine représente le premier partenaire commercial depuis 2009, risque fort de voir son économie ralentir drastiquement à cause de l’épidémie…
Des échanges florissants entre la chine et l’afrique
À partir des années 2000, les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique ont augmenté de manière exponentielle. Ainsi, entre 2000 et 2005, les exportations africaines vers la Chine avaient déjà quadruplé pour atteindre 19,5 milliards de dollars. En 2014, les échanges entre la Chine et l’Afrique représentaient 222 milliards de dollars, soit 3 fois plus que le commerce entre la Chine et les États-Unis.
Au fil des 20 dernières années, la République populaire de Chine est devenue un partenaire indispensable du développement des pays africains. Le Soudan a été le premier pays à recevoir un investissement chinois en 1994. En 2005, l’Afrique comptait 820 entreprises chinoises sur son territoire et quelques 130 000 Chinois installés sur le continent.
Enfin, la Chine est aussi le pays qui accueille le plus d’étudiants africains. Selon les statistiques fournies par les autorités chinoises, leur nombre a été multiplié par 40 depuis 2005 : au total, il y aurait plus de 81 000 étudiants africains sur le sol chinois.
Pour toutes ces raisons, l’homme d’affaires congolais Rodrigue Nguesso insiste sur le fait que « l’impact économique du coronavirus en Afrique doit être anticipé ».
Les bonnes relations sino-africaines en proie à l’épidémie
En effet, pour les deux camps, un ralentissement de l’économie en Chine sonne comme catastrophe économique. Pour la Chine, le fait que sa population soit forcée à rester chez elle pour limiter les risques de contamination du Coronavirus entraîne une forte baisse de la consommation et paralyse l’économie du pays. De ce fait, les importations en provenance d’Afrique commencent à être touchées. Pour l’économiste Chiedza Madzima, l’impact sur l’économie africaine dépendra de la durée de l’épidémie. À ce sujet, elle a déclaré penser que « l’impact sera surtout sur le court-terme. Notamment les exports de vin sud-africain pourraient souffrir, ainsi que les exports de fruits. Sur le long terme, on pourrait voir un impact sur les exports de matières premières, comme par exemple l’or ou le platine ».
Pour les pays africains, le coronavirus entraîne une crainte de voir sa croissance ralentir très fortement, puisque l’économie africaine repose énormément sur les investissements chinois. En effet, depuis 2013, la dette africaine s’élève à 60% de son PIB et la Chine est le principal créancier. En cause, ces nombreux investissements liés aux constructions d’infrastructures dont les pays africains ont besoin. John Dramani Mahama, le président du Ghana a déclaré en janvier 2020 que « c’est en Chine que l’on peut obtenir le type de financement nécessaire aux infrastructures ». Pour lui, ils doivent également poursuivre leurs relations à l’avenir. Des déclarations qui montrent l’importance de la relation sino-africaine dans les développements des deux pays.
Afin de limiter le risque de contamination, de nombreux pays africains ont déjà mis en place des mesures de prévention. Si elles limitent les risques de contamination, ces mesures impacteront forcément les relations économiques entre la Chine et L’Afrique dans les semaines à venir. Entre autres, six des huit compagnies aériennes africaines ont décidé de suspendre leurs liaisons avec la Chine.
Le risque de contamination en Afrique plus dangereux que jamais
Enfin, pour le moment, la part la plus importante de l’épidémie est limitée au territoire chinois, un pays pouvant faire face à une urgence sanitaire de manière rapide. Cependant, si le coronavirus venait à se propager sur le continent Africain, les autorités sanitaires craignent que le pire puisse arriver. Pour le Centre pour les études stratégiques internationales (CSIS) de Washington, une contamination en Afrique serait « le prélude à une pandémie mondiale ». Selon Michèle Legeas, enseignante à l’École des hautes études de la santé publique (EHESP), une contamination à grande échelle en Afrique aurait des conséquences désastreuses sur les populations et le développement économique. « En Afrique, beaucoup d’enfants souffrent déjà d’infections respiratoires aiguës, et seraient donc particulièrement fragiles à ce virus qui affecte les poumons » indique-t-elle.