Le 21 mars 2018, les dirigeants africains ont fait le premier pas dans la longue marche de la mission historique d’unification du continent en signant deux documents juridiques sur le libre-échange continental et la libre circulation des personnes à travers les frontières africaines.
La signature des deux documents le même jour signifiait le caractère indivisible du libre-échange et de la libre circulation, et on espérait que les États membres traiteraient les deux documents comme un seul plutôt que deux documents séparés et disjoints. Cependant, les États membres ont décidé de s’engager sur la voie de l’inaction et de consigner le document de libre circulation sur la banquette arrière.
Une circulation pas si libre
Dans l’état actuel des choses, seuls quatre États membres (Mali, Niger, Rwanda et Sao Tomé-et-Principe) ont ratifié le protocole sur la libre circulation, qui est encore loin des 15 ratifications attendues pour qu’il devienne opérationnel. Malgré les rapports sur les avantages sociaux et économiques de la libre circulation des personnes, l’Afrique reste le continent où les visas intracontinentaux sont les plus utilisés.
Ci-dessous une vidéo parlant de cette réunion :
Le refus de poursuivre la mise en œuvre de la libre circulation est enraciné dans un certain nombre de dynamiques. L’expert en migration, Mehari Taddele Maru, identifie six obstacles majeurs à la lenteur de la mise en œuvre de la libre circulation continentale: le manque de volonté politique d’abandonner le contrôle de l’État sur la migration; politiques de migration prohibitives; la protection des emplois et de la culture locaux; le manque d’infrastructure physique facilitant la migration; la corruption et les exigences lourdes; et la faible allocation de ressources pour faire face à ces défis.
Les changements de mentalité
Cette position est défaitiste et renforce la conception pessimiste de l’Afrique en tant que terre misérable, sa place dans le monde défini par la pauvreté et le besoin. De même, cela renforce la logique déformée voulant que le régime d’absence de visa pour les euro-américains qui voyagent sur le continent soit qu’ils sont dans une meilleure situation financière pour contribuer à l’économie locale plutôt que de la réduire.
L’incapacité de voir derrière le syndrome «nous avons si peu de choses que nous ne pouvons pas partager avec d’autres Africains», continue de bloquer toute discussion rationnelle sur la richesse de la diversité et le caractère central de la mobilité pour la vie humaine.