Le gouvernement a choisi la voie de la répression et de la violence pour disperser une marche pacifique des principales formations de l’opposition réunies pour exiger la tenue d’un scrutin présidentiel crédible, transparent et équitable. A quelques semaines d’une élection historique, la démocratie malienne mérite mieux que la politique des coups de matraque et des bombes lacrymogènes. La marche du 8 juin doit se faire sans-violence et permettre aux citoyens d’exercer leurs droits d’expression en toute sécurité.
Il est temps que le pouvoir malien prenne conscience de la situation explosive du pays et se mette à la hauteur des événements. Les petits calculs politiciens et les provocations pré-électorales sont totalement dérisoires au regard des défis que nous avons à surmonter. La situation du pays nous oblige. Gouvernement comme opposition.
Face à la marée des mécontents, face surtout au formidable élan d’espoir de la jeunesse malienne pour bâtir une société réconciliée et un pays émergent, ceux qui tentent de jouer avec les évènements comme on joue avec le feu, finiront par se brûler les doigts. L’heure ne peut être qu’au dialogue, au rassemblement et à la responsabilité de tous pour faire de l’élection présidentielle de juillet un moment fondateur du nouveau Mali.
Le pays est au bord de la rupture. Halte aux postures ! Au-delà de la faillite sécuritaire, sociale et économique, reconnaissons que la confiance s’est brisée. Confiance brisée entre l’opposition et le gouvernement. Confiance brisée entre les citoyens et leurs gouvernants. Notre société est fracturée. Minée par les conflits et l’absence de dialogue. Renouer le dialogue pour restaurer la confiance : c’est cet appel à la responsabilité qui doit être au cœur de nos préoccupations dans les semaines qui viennent. L’avenir du Mali en dépend.
Le pouvoir souhaite-il le dialogue ? Le retour à une confiance mutuelle qui passe avant tout par la modération et la sincérité ? Si oui, pourquoi envoyer les forces de l’ordre charger contre des élus de la République qui ne représentaient de toute évidence aucune menace pour la sécurité publique ? Pour quelle raison chercher à aiguiser les rancœurs et les divisions à l’heure où notre pays se bat pour sa survie face aux différents périls qui menacent aussi bien le Nord que le Centre du pays ?
Depuis le début du processus électoral, force est de constater que le pouvoir en place n’est pas un interlocuteur fiable. Pour autant, la situation du pays exige de nous, représentants de l’opposition, de ne pas tomber dans le piège de l’outrance. Les événements de samedi dernier doivent plus que tout renforcer notre volonté à pousser pour des élections crédibles, transparentes et équitables. Pas à nous engouffrer dans le cycle infernal de la violence dans laquelle on voudrait que l’on tombe.
C’est avec cette responsabilité en tête que nous appelons la jeunesse malienne et tous les citoyens maliens qui se réuniront dans la rue le 8 juin à exercer calmement leur droit d’expression citoyen, sans violence.
C’est notre responsabilité première de garder le cap du débat démocratique et de ne pas répondre à la violence par la violence. Le peuple malien ne nous pardonnerait pas cette trahison. L’avenir de notre Mali en dépend.
C’est par la confrontation démocratique et la non-violence que se fondera un nouveau Mali, plus fort, plus juste et plus résilient. Encore faut-il que le débat public ne soit pas biaisé. Ou confisqué par les proches du président sortant. IBK ne peut pas, ne doit pas, bénéficier des moyens de l’Etat pour mener campagne. Ces temps sont révolus. Les ondes de l’ORTM doivent être ouvertes à tous les candidats et à toutes les sensibilités politiques. Pas seulement aux thuriféraires du président.
Cet accès équitable aux médias publics, comme tous les autres sujets touchant à l’équité du scrutin de juillet (listes électorales, distribution transparente des cartes d’électeurs,…) doivent être garanties par l’Etat, et devant la communauté internationale. Nous démontrons notre sens des responsabilités en conservant notre calme et notre lucidité contre vents et marées. A IBK de faire preuve à son tour de bonne volonté et de retenue. A lui de se hisser à la hauteur qu’imposent les événements.
A l’heure où un mouvement sans précédent se lève au Mali pour le changement, la réconciliation et la reconstruction du pays, nous ne tomberons pas dans le piège de la violence. Nous entendons poursuivre dans la voie pacifique et démocratique d’un changement de système, pour mettre un terme à la situation intolérable faite à notre peuple et à notre pays.
Nous incarnerons ce renouveau tout au long de la campagne présidentielle.
Aliou Diallo
Candidat à l’élection présidentielle du 29 Juillet 2018
Président d’honneur de l’ADP-Maliba