Aliou Boubacar Diallo, le candidat du parti ADP-Maliba pour la présidentielle de juillet, a effectué cette semaine un déplacement en Allemagne. Reçu au Bundestag par les députés de la CDU (majorité), il a exposé sa vision de la lutte contre le terrorisme dans le nord du Mali et de la coopération avec les partenaires internationaux.
Le Mali va redevenir un partenaire fiable et retrouver une parole crédible sur la scène internationale. Voilà en abrégé le message qu’Aliou Boubacar Diallo est venu apporter aux députés de la formation politique de la chancelière Angela Merkel. En filigrane, c’est aux partenaires européens que le candidat à la présidentielle malienne a souhaité envoyer un message.
Un message de sérieux, porté par un programme précis et structuré, qui tranche avec les errements de la politique du gouvernement malien, observés avec consternation depuis cinq ans par les chancelleries européennes. L’occasion de poser les jalons d’une présidence qui se veut plus constructive avec les principaux alliés du Mali.
Aliou Boubacar Diallo veut doubler la réponse militaire et sécuritaire qu’imposent les violences djihadistes au nord du pays, par une approche économique et sociale inclusive pour placer les jeunes de ces régions, qui constituent aujourd’hui la chair à canon des terroristes, au cœur des solutions à bâtir.
« Dans les accords de paix et les DDR, il est très important d’emmener une bonne partie des anciens combattants dans le secteur économique », a-t-il assuré dans une interview à la Deutsche Welle. M. Diallo a pris l’exemple du potentiel gazier de la région, qui n’est pour l’heure pas exploité, tout en dessinant les grandes lignes d’un véritable new deal pour le nord du Mali.
« Il y a beaucoup d’activités. Des infrastructures routières à construire », a-t-il indiqué en détaillant sa vision basée sur la formation des jeunes locaux pour leur permettre de réaliser et de sécuriser eux-mêmes ces grands chantiers. « Cela réduirait beaucoup les risques d’attentat et les risques d’enlèvements parce que ce serait des projets gérés et opérés par des jeunes de la région », a-t-il avancé.
« On peut le faire en partenariat avec les Nations Unies et avec des partenaires allemands qui ont une expérience de très longue durée sur la formation professionnelle », a-t-il plaidé à la suite d’une rencontre avec les membres de la Task Force du groupe parlementaire CDU/CSU en charge des sujets politiques et économiques. Tout en martelant sa vision pragmatique de la formation : « une formation pour l’emploi plutôt que l’éducation pour le chômage de masse ».
Si M. Diallo pousse pour une « réinsertion économique des anciens combattants, pas seulement sur le plan militaire mais surtout sur le terrain économique », il plaide dans le même temps pour une réponse musclée aux djihadistes ayant du sang sur les mains.
« On ne peut pas faire la paix sur l’impunité. Nous devons réconcilier tous les Maliens. Aucune communauté ne sera en dehors du processus de paix et de réconciliation, mais il est évident que ceux qui se sont montrés coupables de crimes doivent être jugés », a-t-il poursuivi.
Avant de conclure par une réponse sur un éventuel recours à la justice internationale qui en dit long sur les contours d’une éventuelle présidence d’Aliou Boubacar Diallo. Les criminels de guerre « doivent être jugés au Mali ». Histoire de fixer dès le départ les limites du rôle que doivent jouer les partenaires du Mali, et d’insister sur l’indispensable retour à la pleine souveraineté du pays.
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