EN BREF
  • 🇲🇦 L’annulation de l’Aïd al-Adha par le roi Mohammed VI secoue le Maroc et affecte profondément l’économie locale.
  • 🇪🇸 Le secteur ovin espagnol, qui exporte 80% de ses agneaux pour cette fête, subit un coup dur sans précédent.
  • 🌍 Les raisons officielles évoquent la sécheresse, mais la crise économique semble être le véritable moteur de cette décision.
  • 🇩🇿 En contraste, l’Algérie choisit de préserver la tradition en important massivement du bétail, montrant une approche interventionniste.

La récente décision du roi Mohammed VI d’annuler l’Aïd al-Adha au Maroc a provoqué une onde de choc non seulement dans le royaume, mais aussi au-delà de ses frontières. Cette fête, qui représente un moment crucial pour la communauté musulmane, est également un moteur économique majeur pour le secteur ovin espagnol. L’impact de cette annulation est d’autant plus significatif que les éleveurs espagnols fournissent une grande partie des agneaux nécessaires à cette célébration. Mais au-delà des raisons officielles évoquées, des questions se posent quant aux véritables motivations de cette décision historique.

Un secteur ovin espagnol frappé de plein fouet

La décision d’annuler l’Aïd al-Adha a des répercussions directes sur le secteur ovin espagnol. Selon José Friguls, directeur de l’Association des entreprises de viande espagnoles (Anafric), c’est un véritable coup dur pour une industrie déjà fragilisée. Environ 850 000 agneaux vivants étaient exportés chaque année vers le Maroc, avec près de la moitié de ces exportations se concentrant sur le premier trimestre. Cette annulation a donc un impact immédiat sur les exploitations et les éleveurs espagnols.

En effet, entre janvier 2024 et janvier 2025, l’Espagne a vu disparaître 1 219 exploitations de production et d’élevage de viande, ainsi que 432 431 ovins. Cette situation critique met en lumière la vulnérabilité du secteur face aux aléas économiques et politiques. Antonio Punzano, éleveur à Sierra Morena, souligne que l’offre animale est extrêmement limitée, créant un contexte de crise pour les producteurs.

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La sécheresse, un prétexte discutable

Officiellement, l’annulation de l’Aïd est justifiée par la sécheresse persistante qui sévit au Maroc depuis plusieurs saisons agricoles. Le Palais royal évoque une réduction de 38% du cheptel national, mais cette explication est remise en question par de nombreux observateurs. Selon Ángel García Blanco, éleveur de Cáceres, l’impact de la sécheresse locale sur le cheptel marocain ne peut justifier à lui seul cette décision radicale.

En réalité, l’aspect économique semble primer dans cette décision. Même si la majorité du bétail destiné à cette fête est importée, notamment d’Espagne, le coût pour les familles marocaines est subventionné à hauteur de 80%. Cela suggère que les raisons économiques pourraient être à l’origine de cette annulation, plutôt que des préoccupations climatiques.

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La crise économique, véritable moteur de la décision royale

Au-delà des justifications officielles, la crise économique qui frappe le Maroc apparaît comme un facteur déterminant de cette décision sans précédent. Les analystes espagnols estiment que le roi Mohammed VI cherche à alléger le fardeau financier des familles marocaines, déjà touchées par l’inflation. Le message royal lui-même évoque les difficultés économiques croissantes auxquelles fait face une large partie de la population.

Cette annulation, une première depuis l’accession au trône du roi en 1999, montre la gravité de la situation économique. Elle souligne également la nécessité pour le royaume de revoir ses priorités face à une crise économique qui s’intensifie. Le poids de cette décision sur les finances publiques et sur la population est immense, et il soulève des questions sur l’avenir économique du pays.

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L’Algérie, une approche radicalement différente

En contraste frappant avec le Maroc, l’Algérie a adopté une approche différente face à des défis similaires. Conscient de l’importance symbolique de l’Aïd al-Adha, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a ordonné l’importation massive d’un million de têtes de bétail pour garantir la célébration de la fête. Cette initiative, financée par l’État, vise à permettre à chaque famille de participer au rituel.

Cette stratégie interventionniste montre deux visions distinctes de la gouvernance dans la région. Tandis que le Maroc demande à sa population de se sacrifier face à la crise, l’Algérie choisit de préserver une tradition culturelle. Cela soulève des questions sur les priorités politiques et économiques des deux pays voisins. Les choix faits par les dirigeants marocains et algériens révèlent des approches divergentes qui pourraient façonner l’avenir des relations bilatérales et économiques dans la région.

Face à cette annulation historique de l’Aïd al-Adha au Maroc, de nombreuses questions restent en suspens. Quelle sera l’impact à long terme de cette décision sur le secteur ovin espagnol et sur l’économie marocaine ? Les stratégies divergentes du Maroc et de l’Algérie pourraient-elles influencer leurs relations futures ? Il est essentiel de s’interroger sur les implications de ces choix politiques dans un contexte économique global de plus en plus incertain.

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Moi, c'est Fanja, une fervente défenseur de l'environnement vivant à Madagascar. Chez Afriquenligne.fr, je suis rédacteur de la section politique depuis trois ans, en partie. Mon travail consiste à analyser et à rapporter les impacts de la politique et des faits de société sur notre continent, avec un accent particulier sur les initiatives de développement. Contact : [email protected]

8 commentaires
  1. chloéévolution le

    Je suis surpris que la sécheresse soit encore un problème majeur en 2025. Qu’en disent les experts climatiques ?

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