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Les langues sont des fenêtres ouvertes sur les univers des peuples qui les parlent, révélant ce qu’ils valorisent et vivent au quotidien. L’étude récente publiée dans les Proceedings of the National Academy of Sciences vise à approfondir notre compréhension des liens entre les langues et les concepts culturels. En exploitant des méthodes computationnelles, les chercheurs ont analysé des vocabulaires caractéristiques de différentes langues pour mieux comprendre la variation linguistique et culturelle. Cette recherche enrichit notre compréhension de la relation entre langue et culture.
Une méthodologie innovante
Pour mener à bien leur étude, les chercheurs ont testé 163 liens entre langues et concepts, inspirés de la littérature existante. Ils ont compilé un ensemble de données numériques constitué de 1574 dictionnaires bilingues traduisant entre l’anglais et 616 langues différentes. Bien que beaucoup de ces dictionnaires soient encore sous copyright, les chercheurs ont eu accès aux fréquences d’apparition de termes spécifiques dans chaque dictionnaire.
Un exemple illustratif concerne le concept de « cheval », où des langues comme le français, l’allemand, le kazakh et le mongol ont marqué des scores élevés en raison de la richesse de leur vocabulaire équin. Cette approche innovante permet de mettre en lumière des spécificités culturelles insoupçonnées à travers le vocabulaire. Cependant, il est possible que certaines occurrences soient influencées par l’utilisation de mots dans des phrases exemples, ce qui pourrait biaiser les résultats.
Réévaluation des stéréotypes linguistiques
Les résultats de l’étude confirment bon nombre de liens soulignés par des chercheurs antérieurs, tels que la richesse du vocabulaire de l’amour en hindi ou de l’obligation en japonais. Une attention particulière a été portée à l’affirmation selon laquelle les langues inuit possèdent un grand nombre de mots pour désigner la neige. Bien que souvent exagérée et qualifiée de « grand canular du vocabulaire esquimau », cette idée a été réévaluée par les chercheurs.
Les résultats montrent que le vocabulaire de la neige en langues inuit est effectivement exceptionnel. Parmi les 616 langues étudiées, l’inuktitut de l’Est canadien se distingue avec des termes uniques comme kikalukpok pour « marcher bruyamment sur de la neige dure ». D’autres langues inuit telles que l’inuktitut de l’Ouest canadien et l’inupiatun d’Alaska affichent également des scores élevés.
Langue et environnement
Bien que les langues les mieux classées pour la « neige » soient parlées dans des régions enneigées, les langues avec un vocabulaire riche en termes de « pluie » ne proviennent pas toujours des régions les plus pluvieuses. Par exemple, l’Afrique du Sud, avec un niveau moyen de précipitations, possède des langues comme le nyanja et le shona, riches en termes liés à la pluie.
Pour les locuteurs de l’east taa, la pluie est rare et précieuse, ce qui se reflète dans des termes comme lábe ||núu-bâ, une forme honorifique adressée au tonnerre pour appeler la pluie. Ces exemples montrent comment l’environnement influence le développement lexical et révèle des aspects culturels profonds.
Prudence et nuances nécessaires
Malgré les découvertes fascinantes, les chercheurs avertissent que les résultats ne sont pas toujours fiables et doivent être vérifiés avec les dictionnaires originaux. Par exemple, les mots les plus fréquents pour le plautdietsch comprennent des termes communs et peu révélateurs. Il est essentiel d’interpréter les résultats avec prudence pour éviter de perpétuer des stéréotypes culturels potentiellement nuisibles.
Les chercheurs insistent sur la nécessité d’une utilisation respectueuse de l’outil développé, qui offre une réflexion partielle et parfois imparfaite des cultures associées à chaque langue. Cette étude ouvre une fenêtre sur la diversité linguistique, tout en soulignant l’importance de la contextualisation et du respect des cultures étudiées.
En fin de compte, cette recherche soulève des questions intrigantes sur la manière dont la langue et la culture s’entrelacent pour façonner notre perception du monde. Comment ces découvertes peuvent-elles influencer notre compréhension des interactions humaines et de la diversité culturelle à l’avenir ?
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Wow, 616 langues étudiées ! C’est énorme. Comment ont-ils réussi à compiler toutes ces données ? 🤔
Je me demande si cette étude peut aider à préserver les langues en voie de disparition… 🤞
Les chercheurs ont vraiment du courage de s’attaquer à un sujet aussi complexe ! Bravo à eux !
La diversité linguistique est fascinante, mais comment s’assurer que les résultats ne renforcent pas les stéréotypes ?
Je suis sceptique quant à l’utilisation des dictionnaires. Les mots changent tellement selon le contexte… 🤨
Est-ce que d’autres études sont prévues pour explorer d’autres concepts culturels ?