Au début du mois de juillet, le parc des expositions du Kram à Tunis accueillait pour la deuxième année consécutive l’International Food Show Africa (IFSA Africa). Cet événement, qui se présente comme le plus grand salon professionnel consacré à l’industrie agroalimentaire sur le continent, se veut un rendez-vous incontournable pour les acteurs internationaux du secteur. Le sujet n’en finit pas de susciter l’intérêt pour les investisseurs et les professionnels, comme en témoignent les quelques centaines de visiteurs venus du monde entier qui ont encore arpenté ses allées lors de cette édition.
Parmi la centaine d’exposants, le groupe Mare Alb, premier producteur de sel marin de Tunisie, a mis l’accent sur son stand sur ses différentes gammes de produits, commercialisés sous la marque Le Flamant. La présence de la société salinière à l’IFSA Africa ne doit rien au hasard. Depuis quelques années, la demande en sel des pays africains ne cesse de croître, portée notamment par le fort développement du secteur agricole et par celui de la mise en conserve, qui nécessite l’adjonction de sel de haute qualité pour assurer la sécurité alimentaire de son contenu. Cette évolution est très perceptible pour Mare Alb, qui a vu sa clientèle internationale se diversifier au cours des dernières années, avec l’arrivée d’industriels africains en plus grand nombre.
Une production nationale de sel marin exportée à 90%
Avec des besoins intérieurs qui s’élèvent à 130 000 tonnes de sel, chaque année la production tunisienne qui dépasse les 1,8 millions de tonnes est largement excédentaire. En 2023, le pays a exporté plus 90% de sa production pour un total avoisinant les 31,1 millions de dollars en revenus. Un montant significatif mais qui ne représente pourtant qu’une petite fraction des exportations totales tunisiennes (environ 0,1% en valeur) et seulement 1% environ des exportations minières du pays. Ce chiffre pourrait cependant connaître une hausse dans les prochaines années grâce au dynamisme du marché africain.
Pour saisir cette opportunité, la Tunisie a de nombreux atouts à faire valoir. Avec ses 1 300 kilomètres de côte le long de la mer Méditerranée, l’une des mers les plus salées au monde, et avec son climat semi-aride, le pays offre des conditions idéales pour la saliculture. Il dispose en outre d’infrastructures portuaires de haut niveau qui facilitent l’exportation du sel par bateau. Enfin, si le poids des exportations de sel est marginal dans la balance commerciale tunisienne, comparativement à celui des ressources minières, le caractère inépuisable de la production de sel marin rend de facto attractif cette activité sur le long terme.
Un virage vers la transformation des produits agricoles en afrique de l’est
Des industriels d’une trentaine de pays s’approvisionnent aujourd’hui auprès des producteurs tunisiens de sel. L’Europe du Nord et les pays scandinaves représentent plus de 50% des exportations tunisiennes de sel en volume en 2023. Ils sont suivis par plusieurs pays d’Europe du Sud qui pèsent quant à eux pour 30% des exportations du pays.
De nouveaux clients s’intéressent désormais au sel tunisien, et pour cause. Plusieurs pays d’Afrique de l’Est voient à leur tour croître leurs besoins en sel. Nombre d’entre eux ont entamé un virage vers la diversification de leurs cultures et la transformation des produits agricole. Une dynamique soutenue par l’émergence d’un tissus industriel local et de géants nationaux. Cette situation est renforcée par un climat favorable aux investissements étrangers, ayant permis l’implantation locale de plusieurs groupes agroindustriels internationaux au cours des dernières années.
Les besoins en sel marin de l’industrie agroalimentaire sur le continent se trouvent ainsi principalement tirés à la hausse par l’essor de la mise en conserve des aliments. Cet enjeu devrait continuer de prendre de l’ampleur dans les prochaines années à travers tout le continent. La perte de produits agricoles en raison de mauvais systèmes de stockage et de distribution des aliments pèse en effet encore trop lourd pour les producteurs africains. On estime ainsi qu’au Nigéria, plus de 45% des tomates récoltées durant l’année sont perdues. Plus de 100 000 tonnes de mangues pourrissent annuellement en Côte d’Ivoire.
Pour répondre à la demande croissante, Mare Alb mise sur une augmentation de sa production. La société – qui exploite trois marais salants en Tunisie – a réalisé des investissements conséquents pour faire passer la capacité de sa principale saline de 750 000 à plus d’1 million de tonnes de sel marin chaque année. Mare Alb transforme et conditionne son sel en Tunisie pour répondre aux besoins spécifiques de ses clients, avant d’exporter ses produits par voie maritime.
Au-delà de son impact économique direct, l’exportation de sel marin tunisien vers l’Afrique renforce les liens commerciaux panafricains. En fournissant une ressource essentielle à l’agroalimentaire, la Tunisie joue ainsi un rôle clé dans l’amélioration de la chaîne d’approvisionnement régionale et contribue à renforcer la sécurité alimentaire en Afrique.