Une semaine avant l’organisation des concertations nationales au Mali, Aliou Diallo avait fait, comme à son habitude, des propositions pour une sortie de crise. Il avait notamment appelé à la mise en place d’une transition de 18 mois et la reprise des élections législatives pour respecter la volonté du peuple. Des recommandations qu’on retrouve dans la charte de la transition.
Durant trois jours (du 10 au 12 septembre 2020), la junte militaire malienne a eu des discussions avec les différents acteurs de la crise socio-politique (partis politiques, presse, syndicats, société civile, diaspora, etc.), dans le cadre des concertations nationales. Celles-ci ont abouti à la signature d’une « une charte » instaurant une période de transition de 18 mois à l’issue de laquelle la junte militaire doit rétablir le pouvoir civil. Un conseil de transition sera mis en place, avec cent vingt et un (121) membres issus des différentes forces vives maliennes.
Point focal : la nomination d’un président et d’un premier ministre (qui formera un gouvernement de 21 ministres) dont la qualité militaire ou civile n’a pas été tranchée. Tout ce que l’on sait, c’est qu’ils doivent posséder la nationalité malienne d’origine et être âgé de 35 ans au moins et de 70 ans au plus. Cette transition se penchera notamment sur le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire, le lancement des chantiers politiques et institutionnels et l’organisation des élections générales.
Un schéma de transition en cinq points
Dans une tribune intitulée « Proposons pour aller de l’avant », publiée le 2 septembre (soit une semaine avant les concertations nationales), Aliou Diallo avait déjà émis la quasi-intégralité de ces recommandations. Une nouvelle convenance de vue, une justesse dans l’opinion qui achève de le rendre définitivement crédible aux yeux du peuple malien.
Le député de Kayes avait mis sur la table un schéma de transition en cinq points, dont la mise en œuvre ne devrait pas excéder 18 mois. Le leader d’ADP-Maliba a préconisé la nomination d’« un Président de Transition choisi par les membres du CNSP (Comité national pour le salut du peuple) » et la désignation d’un « Premier Ministre consensuel et sans coloration politique » pour respecter les aspirations du peuple malien.
Une feuille de route qui doit s’inspirer du dialogue national inclusif (dni)
Aliou Diallo a également suggéré la formation d’un organe législatif avec l’ensemble des forces vives de la nation. Ce nouvel organe pourrait intervenir après des élections générales ou partielles, en intégrant des députés régulièrement élus en mars et avril dernier.
Pour sa part, le leader d’ADP-Maliba avait déjà déclaré qu’il était partant pour une reprise totale du scrutin comme le peuple qui l’a élu, le réélira à nouveau. « S’il ne s’agit que de ma personne, j’accepte la dissolution (de la 6e législature) puisque même si on reprenait dix fois je gagnerais », avait-il assuré, lors d’une rencontre en juin avec la population de Kayes.
Dans ce contexte, le chef de file montant de l’opposition malienne dénonce l’attitude de certains de ses collègues (précisément les 31 contestés), qui veulent s’accrocher à leur siège à l’Assemblée nationale.
Enfin, Aliou Diallo a recommandé une feuille de route s’inspirant du Dialogue National Inclusif (DNI), une concertation nationale à laquelle son parti avait pris part en décembre 2019. Cette initiative boycottée par l’aile dure de l’opposition avait dégagé quatre principales résolutions. Ce sont : l’organisation des élections législatives avant le 02 mai 2020 (un objectif atteint mais à refaire) ; l’organisation d’un référendum pour la révision de la constitution du 25 février 1992 ; le redéploiement immédiat des forces armées et de sécurité reconstituées sur l’ensemble du territoire ; et la relecture de certaines dispositions de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale selon son article 65.
« La véritable « refondation » débutera avec l’installation effective des organes de la Transition et l’exécution de la feuille de route »
Conformément à son statut de parti républicain, ADP-Maliba a participé aux concertations du weekend dernier. A l’issue de cet autre important rendez-vous du peuple malien, le parti de la Balance a estimé qu’« un grand pas vers le retour à la normalité » venait d’être effectué, mais que « le plus dur [restait] à venir ».
Selon son président de la jeunesse, Cheick Oumar Diallo, qui faisait partie de la délégation, « la véritable « refondation » débutera avec l’installation effective des organes de la Transition et l’exécution de la feuille de route qui a été validée » par les différentes parties.
« A présent et si ce n’était déjà le cas, en organisant ces Concertations, le CNSP (Comité national pour le salut du peuple) connaît les attentes profondes des maliens et leur perception de la situation. Ce qui est attendu du CNSP, c’est de choisir le Président et le Vice-président sans aucun état d’âme, en toute responsabilité et en toute connaissance des enjeux de politique interne et de relations internationales », a déclaré Cheick Oumar Diallo.